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CHAPITRE XI.

Une des plus mémorables journées du règne de Louis XIII, ou si l’on veut de son illustre et puissant ministre, le cardinal de Richelieu, c’est la prise de la Rochelle, ce dernier retranchement des calvinistes en France (30 octobre 1628). Louis, après avoir fait son entrée triomphale dans la ville et reçu tous les honneurs de la victoire, résolut de rentrer à Paris, où l’appelait l’enthousiasme public. Il franchit rapidement l’ouest de la France, salué par les acclamations des populations, et l’histoire rapporte que Dourdan est la première ville où il s’arrêta[1]. Le lundi 27 novembre, tous les habitants se portèrent au devant du monarque, et les modestes fêtes qu’ils lui offrirent furent les prémices des réjouissances splendides que préparait la capitale. Toute la noblesse de la contrée s’empressa de venir déposer aux pieds du prince ses félicitations et ses hommages, et l’église ouvrit ses portes à la royale assemblée pour le chant d’un Te Deum solennel. Louis XIII séjourna à Dourdan, s’y reposa des fatigues du siége au milieu des habitants qu’il aimait, et y attendit que les apprêts de la réception magnifique que Paris voulait lui faire fussent terminés. Ce n’est que le 15 décembre qu’il regagna sa capitale, par Versailles et Saint-Germain, laissant à Dourdan, comme souvenir de son passage, un nouveau bienfait : la remise générale de l’arriéré de l’impôt, en considération de la misère du temps.

Louis XIII ne manqua jamais de s’arrêter à Dourdan quand le cours de ses voyages le ramenait dans cette direction. C’était pour lui une étape favorite. C’est ainsi que, revenant de Montauban, en novembre 1632, il couche, le 19, à Dourdan, et arrive à Versailles le lendemain, à deux heures de l’après-midi ; qu’en 1633, venant exprès de Versailles et passant par Rochefort, il couche le 3 janvier à Dourdan, pour ne rentrer à Versailles que le 10 ; qu’en 1637, parti d’Orléans, il arrive à Dourdan le 9 février et y reste jusqu’au 13. Louis se rappela le bon air et le salubre climat de Dourdan ; il se souvint peut-être aussi de l’exemple de Marie d’Espagne, femme de Charles d’Étampes, que de Lescornay lui citait dans sa préface, quand il envoya sa femme, la reine Anne d’Autriche, se remettre à Dourdan, après la naissance de Philippe d’Orléans, frère unique de Louis XIV (1640). C’est à l’église Saint-Germain de Dourdan que la reine vint faire ses relevailles. Elle donna à cette occasion, à la fabrique, un très-bel ornement complet et une bannière de velours cramoisi brodé d’or. Louis XIII voulut être parrain d’une des cloches.

La vieille reine mère, Marie de Médicis, l’usufruitière de Dourdan, vivait encore et continuait à toucher les revenus des domaine et châtellenie. Sur ces revenus, dont elle ne bénéficiait guère, et qui étaient déjà presque tous consacrés à l’acquit des charges, elle avait constitué deux rentes pieuses. Elle avait donné aux doyen et chanoines de l’église Notre-

  1. Invent. de Jean de Serres, t. II, p. 542, in-fol. — Itinéraire des Rois de France, à la suite des pièces justificatives pour servir à l’histoire de France, t. Ier.