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CHAPITRE XIII.

CENSIVE DES DAMES DE LONGCHAMP.

Nous avons eu occasion de dire ailleurs comment les « sereurs meneurs du couvent de l’Umilité Nostre-Dame, encloses jouste Saint-Cloust, » fondées par la sœur de saint Louis, et plus connues depuis sous le nom de dames de Lonchamp, avaient été, en 1266, mises en possession de droits de champart et autres sur le territoire de la ville de Dourdan et sur celui des Granges-le-Roy, en vertu d’une cession à elles faite par Jean Bourguignel pour lequel saint Louis avait racheté ces droits de Bertaut Cocalogon, ou Gélapon, seigneur de Favière au Perche, et de Jean Saillard. Nous avons trouvé qu’elles avaient affermé, dès le mois de juin 1267, ce droit de champart de Dourdan et des Granges, pour trois années, moyennant 80 livres et 100 sols parisis, et que, suivant leur déclaration de 1322 des terres tenues à champart, ledit champart montait, année courante, à 6 muids, 10 septiers, 1 mine[1]. Il paraît, par des titres, qu’elles continuèrent leurs acquisitions à Dourdan et aux Granges en 1303, 1304, 1307, 1319, 1322, 1325. Elles rendirent des aveux en 1408, 1524, 1543, 1548, 1681, etc., et, en divers temps, firent faire des terriers (1517-1595, 1604-1698)[2]. Quoi qu’il en soit la véritable consistance de leur censive était fort embrouillée. Négligés de la part du couvent pendant une série d’années calamiteuses au xve siècle, revendiqués par les gens d’affaires de l’abbaye, et souvent au détriment du domaine, pendant des périodes où Dourdan était presque sans maître, les droits des dames de Lonchamp étaient une matière à procès[3]. Les Granges surtout étaient sous leur dépendance, et dans la ville de Dourdan leur censive s’étendait sur plusieurs maisons de la place et spécialement sur la ville basse, l’île de l’Orge et ce qu’on appelait le quartier de la Tête aux Maures. En juin 1658, la reine-mère avait cherché à établir leurs droits pour sauvegarder les siens, et le 20 octobre 1680 les religieuses avaient dû faire une transaction avec le sieur de Passart, seigneur des terres de la Margaillerie et de la Villeneuve, au sujet du droit de champart qu’elles y prétendaient, à cause de leur fief et seigneurie des Granges-le-Roy. Après une longue contestation, elles consentirent à céder au duc d’Orléans à titre d’échange, moyennant une rente de 500 livres au principal de 22000 livres sur les aides et gabelles de France, toutes leurs possessions et leurs droits dans l’enclave du domaine. Le contrat de juin 1756 fut confirmé par lettres patentes.

Les déclarations, aveux, cueillerets, terriers des dames de Lonchamp forment aux archives de l’Empire et aux archives du Loiret[4] de volu-

  1. Archives de l’Empire, O. 20,441.
  2. Idem, O. 20,442-20,451.
  3. Idem, P. 2277.
  4. Série A, nos 1384 à 1397.