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CHAPITRE XV.

Pour nous orienter plus facilement, prenons pour point de départ et pour rendez-vous la place devant le château et au pied de l’église, et divisons en deux notre tournée. De la porte de Chartres à la porte d’Étampes, c’est-à-dire dans le sens de la longueur, la rue de Chartres puis la rue d’Étampes partagent à peu près la ville en deux parties égales, une partie méridionale ou partie basse ; une partie septentrionale ou partie haute.

Commençons par la partie basse et n’oublions pas que nous sommes au siècle dernier.

Faisons d’abord le tour de l’église pour savoir ce qui l’environne. Hélas ! comme toutes ses sœurs du moyen âge, elle a laissé des masures et des échoppes s’appuyer contre ses murailles et se loger entre ses contreforts. Messieurs les marguilliers, jaloux d’augmenter les revenus de l’église, et peu soucieux, paraît-il, de l’effet architectural, viennent en 1767 d’engager la dernière petite place vide entre les deux piliers de l’encoignure du grand clocher, à côté de la veuve Voisin, à Pierre Cheval, mégissier, qui a suspendu pour enseigne une grande culotte jaune, et cela pour la somme de trois livres de cens et rente foncière, « non rachetable[1]. » Près du portail, au coin de la rue de la Haute-Foulerie, s’ouvre la grande porte en arcade de la cour du Prieuré dont les bâtiments ont été démolis et reconstruits en 1615. La maison des vicaires fait le coin du carrefour. Monsieur le prieur, abrité par l’église, a en plein midi un jardin à deux étages. Au bas est sa grange des dîmes, et pour cave, il a sous sa terrasse le vieux cellier en forme de crypte des chanoines du xiie siècle.

Dans la rue tendant sous Saint-Germain qui borde le jardin du prieuré, la fontaine Saint-Germain[2] est le rendez-vous de tout le quartier. C’est une bonne source qui ne tarit jamais et l’eau est rare à Dourdan. La rue tourne et nous sommes dans la rue d’Authon, l’ancien chemin d’Authon, maintenant barré par les grands bâtiments des dames de l’Instruction chrétienne dont le terrain descend vers les remparts. En face de leur portail, la rue d’Authon monte à pic jusqu’aux halles. Le chevet de l’église domine cette voie resserrée et la chapelle de la Vierge, le nouveau bâtiment de 1689, disparaît presque au milieu des constructions qui s’élèvent sur les terrains achetés et revendus par la fabrique. Accolée contre l’église, faisant hache dans le jardin du prieur, est la demeure de l’ancien lieutenant du bailliage, Richard le Boistel, qui en échange de l’emplacement de sa cuisine a obtenu durant sa vie une entrée dans l’église. C’est maintenant une petite ferme et une auberge tenue par Yvon à l’enseigne de la Fleur de lys[3].

  1. Tout le monde déplore aujourd’hui ces malheureuses masures. Elles sont frappées de reculement par l’administration, et on attend impatiemment leur chute.
  2. Maintenant enclavée dans une propriété particulière.
  3. On voit encore le puits, avec son toit et sa fleur de lys.