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CHAPITRE XV.

de ces tourelles, annoncent que la ville a été bien réellement fermée de portes[1]. La rivière qui baigne le pied des murailles de Dourdan, derrière lesquelles court la ruelle des Cordiers, sert de fossé à la porte d’Étampes et on la traverse sur un pont de pierre qui a remplacé, en 1732, le vieux pont de bois, grâce aux deniers de la fabrique Saint-Germain[2] et à un don de 500 livres de monseigneur le duc d’Orléans. Le carrefour de la porte d’Étampes s’ouvre après le pont.

A gauche, commence la route d’Étampes, ou plutôt la rue du faubourg d’Étampes qui coupe le vieux clos Saint-Mathurin. — L’auberge du Chariot d’Or était, de ce côté, la première halte que rencontrait le voiturier de la Beauce qui venait d’être embourbé avec son attelage dans la Testée des Granges, avant la réparation du chemin. Le long de la rivière, qu’on traverse au pont Bertin, c’est le quartier des déshérités et des suspects : le Madre, l’ancienne terre Saint-Ladre, terrain de la Maladrerie, refuge des lépreux dont la chapelle Saint-Laurent s’élève solitaire, comme une pestiférée, dans le berceau Saint-Laurent, au pied de Normont ; — la haute et la basse Bretonnerie ou Bretonnière, où des traînards Bretons, se fixant dans le pays, se sont cantonnés lors des guerres du xve siècle.

Faisant face à la porte d’Étampes, baignée par le second bras de la rivière et séparée du carrefour par un pont de pierre, apparaît, comme une sorte de petit château, avec ses trois corps de logis et sa haute toiture de tuiles, la maison d’Orgemont. L’empreinte du grand siècle se reconnaît à première vue. Là, en effet, l’historiographe de Louis XIII, notre ami Jacques de Lescornay, s’est fait sur la fin de ses jours une noble demeure, digne de son rang et de la haute position de sa famille[3]. Derrière la maison s’étendent un parterre, un verger et un beau parc correctement tracé suivant le goût du temps, et percé en éventail d’allées bordées de charmilles.

Appuyons sur la droite pour faire extérieurement le tour de la ville.

  1. Ces tourelles n’ont disparu qu’en 1817.
  2. A cause de son droit de mesurage des grains, qui l’obligeait à l’entretien des abords de la ville.
  3. Sur l’emplacement de la maison que Guillaume Thibault déclarait au terrier de 1537 pour 12 sols parisis de cens, et qu’occupèrent Denis Jonquet et le sieur Abraham-Joseph de Cassenave. — Jacques de Lescornay s’en fait acquéreur par contrat passé devant Claude Michau, 3 février 1680. — Écuyer, sieur du Mont, ancien avocat, conseiller du roi et commissaire directeur général des hôpitaux de l’armée du roi en Allemagne, premier marguillier de la paroisse Saint-Germain (1678), bourgeois de Paris, y demeurant en l’île Notre-Dame, rue et paroisse Saint-Louis (1668), de Lescornay, octogénaire, veut mourir à Dourdan. Son fils, Thomas de Lescornay, son petit-neveu, messire François de Saint-Pol, habitent tour à tour la maison d’Orgemont. Acquise en 1758 par M. Poussepin, elle passe par héritage à M. Lefort et à ses enfants, M. et Mme Collin, les propriétaires actuels. — Déclarations censuelles devant Me Héroux.