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CHAPITRE XVIII.

donné par les siècles, et que nous le remplacerons par un enduit imperméable aux pluies et par un ouvrage destiné à protéger l’escalier. Mais, avant tout, il faut assurer la conservation de l’édifice et prévenir à temps sa décrépitude.

Tel était, dans ses parties essentielles, le château de Philippe-Auguste. Nous l’avons suivi ailleurs dans toutes les phases de son histoire, et nos lecteurs l’ont vu tour à tour servant de résidence à saint Louis, de douaire aux reines Blanche de Castille et Marguerite de Provence, de rendez-vous de chasse à Philippe le Bel, d’apanage aux comtes d’Évreux, de prison à Jeanne de Bourgogne — disputé par les factions des Bourguignons et des Armagnacs — pris par les Anglais — ébranlé par de terribles assauts — séquestré pendant trente ans — successivement engagé et retiré par la couronne à des serviteurs du trône, à une belle dame, à de grands capitaines — occupé par les Guise — pris pour un des quartiers généraux de la Ligue — démantelé et meurtri par le canon de Henri IV.

Ici, nous nous arrêterons et, complétant notre récit, nous ramènerons le lecteur dans le château de Dourdan, au lendemain de ce siége terrible de 1591. À cette époque, les traces violemment effacées du passé sont encore lisibles, et l’on peut en ressaisir les contours, comme après un incendie on retrouve des silhouettes sous la cendre, avant que la main de l’homme ait balayé les débris. Un document, entièrement inédit, permet de le faire avec un certain intérêt.

Nos lecteurs se rappellent sans doute que de Harlay de Sancy, s’étant rendu acquéreur de Dourdan, fit faire, en 1597, un procès-verbal de visitation ou état de lieux du château. Suivant ce procès-verbal, le lieutenant général du bailliage, Pierre Boudon, accompagné du procureur du roi et de celui de monsieur de Sancy, avec quatre experts maîtres maçons et charpentiers, se présente le 13 mars devant le château. Il trouve d’abord, au devant du pont dormant, la barrière du chastel « faicte de limandes » fermant à clef, avec le moullinet à trois pieds de hauteur ; puis le pont dormant formé de solives couchées, ayant des parapets de bois de sept pieds de haut ; enfin le pont-levis avec sa planchette garnie de serrures, donnant accès à l’entrée flanquée de deux tours. Contre ces deux tours sont accolées deux petites tourelles de maçonnerie « là où se mettoient les gens de guerre du temps que le pont s’abattoit, pour les deffences dudict pont ; » et entre le pont-levis et la porte est suspendue la herse qu’on n’abaisse qu’en « poinct de deffence. » Derrière la porte « bien tournante et fermante » se montre le concierge Jacques Louis. À droite et à gauche, servant de corps de garde, sont les deux salles basses des tours voûtées et fermées. Au premier étage, entre ces deux tours, existent deux chambres surmontées d’un toit à haute charpente dont les bois ont résisté, mais dont la couverture a été percée par les boulets.

À main droite, en pénétrant dans la cour, le grand bâtiment de la