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CHAPITRE XIX.

meuble et le linge qu’elle lave et raccommode ; elle se choisit en outre « un homme plein d’esprit et de prudence et d’une piété reconnue » pour être le procureur de la charité. Les associées servent chacune à leur tour les pauvres malades reçus par la présidente, leur portent chez eux leur boire et manger tout apprêté, quêtent à tour de rôle dans l’église ou par les maisons les dimanches et fêtes. Chaque pauvre malade reçoit, pour chaque repas, « autant de pain qu’il pourra suffisamment manger, cinq onces de veau ou de mouton, un potage, et demi-septier de vin mesure de Paris ; aux jours maigres, au lieu de viande, une couple d’œufs et un peu de beurre ; aux plus malades, des bouillons et des œufs frais et une garde à ceux qui seront en extrémité. » La compagnie assiste en corps à l’enterrement de ses pauvres et fait dire une messe pour leur âme. La confrérie a son autel, et, le troisième dimanche de chaque mois, sa messe et sa procession.

Les commencements des charités de Dourdan furent bien modestes. Celle de Saint-Pierre, par exemple, qui se choisit pour premier procureur Jacques Deslandres, pour première présidente Mme  Jacques Deslandres, et pour trésorière Mme  Claude Poussepin, recueillit dans sa première quête générale 33 livres 12 sols. Me  Rivet donna un fonds de 150 livres, et en six années la dépense monta à 692 livres 10 sols 6 deniers, mais la recette n’avait atteint que 478 liv. 4 sols[1]. Peu à peu des donations vinrent enrichir la caisse des pauvres. Celle de Saint-Germain demeura toujours la mieux garnie. Les revenus d’une ferme, don d’un pieux ecclésiastique, les rentes sur divers particuliers, 600 livres environ du produit des quêtes, lui composèrent un fonds annuel d’environ 2,000 livres. Avec ces modiques ressources, les dames de Dourdan s’évertuaient à faire le plus de bien possible aux pauvres malades en les soignant à domicile, ou en payant pour eux des journées à l’Hôtel-Dieu.

À côté des malades, il y avait les valides pauvres dont le nombre écrasait la ville de Dourdan durant certaines années de disette ou de cherté si fréquentes au xviiie siècle. La population se saignait alors pour soutenir ses indigents. Pendant l’hiver de 1741, à l’aide d’un prélèvement volontaire fait par les commerçants sur leurs gains, et par plusieurs particuliers sur leurs revenus, et d’une taxe sur les propriétaires à raison de 4 deniers par mois des deux tiers de leur revenu, on obtient une somme mensuelle de 900 livres, y compris la part du duc d’Orléans pour 350 livres. On achète avec cela du blé de méteil dont on ne tire qu’un minot de son au septier, et dont on fait un pain nourrissant qui se cuit au four de l’Hôtel-Dieu, et se distribue le dimanche par deux personnes des charités. À la fin de l’hiver, 236 personnes et 177 enfants, dans les deux paroisses, re-

  1. L’hospice conserve un journal des actes de la charité de Saint-Pierre qui embrasse plus d’un siècle.