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CHAPITRE XXI.

Regnard, femme de Pierre Bellavoine, juge des consuls de la ville de Paris. — Louis Marcadé, avocat au parlement, fils de Marthe Regnard, femme de Siméon Marcadé, bourgeois de Paris[1].

C’est le marquis de Magny, fils du célèbre antiquaire et administrateur M. Foucault, qui acheta Grillon. Si le lecteur veut tourner quelques feuillets de ce livre, il verra comment, par une bizarre destinée, la maison du poëte tomba entre les mains d’un autre personnage, poëte aussi à ses heures, et comment l’architrésorier, prince Lebrun, duc de Plaisance, traduisit l’Iliade et la Jérusalem délivrée dans le cabinet du comique Regnard.

II.

Vers 1725, Michel-Jacques Lévy, conseiller du roi, trésorier-payeur de la Chambre des Comptes, bailli des bailliage et comté de Dourdan, entreprit de se créer dans la ville une habitation digne de sa grande fortune. Il venait d’acheter en 1723, de messire Élie-Guillaume de l’Hospital, comte de Sainte-Mesme, la terre de Rouillon avec ses arrière-fiefs de Semont, Liphard, le Moulin-Grousteau, Cens-Boursier, les Jorias, etc., qui enveloppaient dans leur censive une grande partie de la ville, et principalement les quartiers de Saint-Pierre et d’Étampes et les champtiers situés au levant de Dourdan. M. Lévy était devenu, en fait, le véritable seigneur de Dourdan. Comme étendue et importance, sa censive et sa justice ne le cédaient en rien à celles du duc d’Orléans. Il tenait de sa famille des maisons et des terrains derrière l’église et la porte Saint-Pierre[2]. On ne pouvait souhaiter une plus agréable situation ni un plus bel horizon ; c’est là qu’il fit élever sa demeure.

La principale façade, tournée au levant et s’appuyant d’un bout à la sacristie de l’église Saint-Pierre, se composait, suivant le goût du temps, d’un pavillon central couvert d’ardoises et de deux avant-corps surmontés d’une terrasse à l’italienne, avec balustres de pierre. De beaux vases sculptés et garnis de fleurs décoraient ces balcons ; un grand salon à deux cheminées occupait le centre au rez-de-chaussée. Une aile en retour, faisant face au midi, se terminait par une des tourelles de la porte Saint-Pierre, dont le toit pointu et élevé faisait pendant au clocher de l’église qui semblait être la chapelle du château[3]. Une esplanade en ter-

  1. Archives du Marais.
  2. Déclarations de Jean-Baptiste Lévy du 31 octobre 1684, et de Jacques Chevallier et Mathurin Cordille du 16 octobre 1683.
  3. La façade du levant mesure 18 toises 2 pieds, celle du midi 13 toises.