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LE MARCHÉ AUX GRAINS.

long procès, par un arrêt du conseil d’État du 17 juin 1781 ordonnant la perception des droits à Dourdan tout comme avant les lettres patentes de 1774.

Pour les contemporains, la révolution était complète parce qu’ils en avaient subi le choc. Les conséquences se traduisaient pour eux par cette conclusion assez triste que notre subdélégué adressait avec une certaine hardiesse au gouvernement : « La liberté indéfinie du commerce des grains et l’exportation étrangère illimitée ont tellement rompu l’équilibre, qu’à production égale le prix a augmenté d’abord de plus d’un tiers et par suite plus que doublé »[1].

Cette question des prix, soulevée ici par le représentant de Dourdan, nous a semblé intéressante à plus d’un titre, et nous avons cherché à la préciser à l’aide de documents locaux. Cette étude était aussi longue que fastidieuse. Nous ne regretterons pas de l’avoir faite si le résultat peut paraître instructif à quelqu’un de nos lecteurs.

Jusque vers la moitié du xvie siècle, c’étaient les boulangers qui, d’après les cours des marchés, établissaient eux-mêmes les mercuriales et la taxe du pain. L’ordonnance du roi de 1539, article 102, leur enleva ce droit et commanda qu’un rapport officiel du prix des grains fût fait chaque semaine au greffe du bailliage pour servir de base à la taxe. Depuis cette époque, à Dourdan, tous les samedis, à l’issue du marché, l’estimation du prix des grains se faisait chez le lieutenant général de police par le fermier du mesurage et deux appréciateurs, l’un marchand, l’autre laboureur, renouvelés tous les deux ans et assermentés. Un registre paraphé était tenu par le greffier. L’estimation portait sur deux qualités de froment, trois qualités de méteil, le seigle, l’orge et l’avoine. Voici un tableau qui embrasse plus de deux siècles et donne, pour les périodes caractéristiques de hausse ou de baisse, le prix moyen du moyen froment par septier ou sac d’un hectolitre et demi :

ANNÉES.
1542, 2 livres tournois.
1551, 4 l. 10 sols.
1558, 2 l. 12 s.
1566, 5 .
1567, 7 .
1568, 3 .
 1571, 5 l. 10 s.
1373, 11 l. 10 s.
1575-6 4 l. à 6 l.
1666[2], 8 — 15.
1668, 6 .
1671, 8 .
1673, 6 .
1675, 11 .
1676, 7 .
1679, 14 .
1688,  6 .
1693, 15 — 36.
1694,  46 — 14.
1696, 6 — 13.
  1. Lettre du 15 juin 1778.
  2. N’ayant trouvé dans les archives de la mairie aucun registre d’appréciation anté-