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CHAPITRE XXIV.

outre la taxe personnelle, qui variait de 2 livres à 2 livres 10 sols, suivant les forces.

Il y avait, dans l’élection, 4 à 500 arpents de terre propres à la culture du chanvre. Tous les ans, 200 arpents environ étaient ensemencés en filasse, et, en dépit des encouragements et des sollicitations de l’État, ce chiffre ne varia jamais beaucoup. Les cultivateurs vendaient une partie de la récolte à Chartres, Dourdan et Étampes, et, avec le reste, faisaient fabriquer de la toile pour leur usage chez les « tixerands » de Dourdan, qui étaient au nombre de treize il y a juste cent ans. Les Cordiers travaillaient comme aujourd’hui derrière le mur de la ville. Le chanvre était soumis à la dîme, et une sentence d’août 1505 maintenait le prieuré de Saint-Germain en possession de ladite dîme contre le curé de Saint-Pierre[1].

Une bannière à triple bande de vair, sinople et gueules, ralliait, lors des cérémonies religieuses, les Marchands de bois qui exploitaient la forêt, et sous les couleurs de vair, sable et argent, se groupaient à la fois les Charpentiers, les Menuisiers, Maçons, Bourreliers, etc., qui ne faisaient pas fortune et se nuisaient par la concurrence.

Tels étaient les principaux corps d’état qui, dans une petite ville comme Dourdan, faisaient vivre plus ou moins aisément une population laborieuse. Ainsi qu’on a pu le voir, la « corporation » ne paraît pas remonter, à Dourdan, à une époque bien reculée. Cette association des ouvriers faisant du travail un privilége et du principe de la libre élection un contre-poids aux droits du seigneur, était une des forces, une des garanties réclamées par « la commune. » Or, Dourdan, en échappant au régime communal, en conservant vis-à-vis de la royauté sa subordination et le rôle modeste que lui imposait d’ailleurs son importance secondaire, semble avoir échappé en même temps au régime industriel de la corporation et de la confrérie, du moins à l’époque où ce régime florissait dans ses indépendantes et égoïstes allures. C’est seulement au xvie siècle, lorsque la royauté elle-même prend l’initiative des corporations et des jurandes et en fait une question administrative et fiscale, que les métiers de Dourdan reçoivent des statuts (édits de 1581, 1597). L’industrie locale se façonne à cette réglementation exagérée qui impose des gênes, mais donne des garanties. Elle s’en plaint parfois et pourtant s’émeut quand Turgot veut y toucher ; et lorsque, à la veille de disparaître, les nouvelles communautés s’organisent à grands frais, le subdélégué de Dourdan chargé de l’enquête de 1776 termine son rapport à l’intendance par ces lignes instructives : « Ces corps subsistans, monseigneur, sont des éponges qu’on a seu presser au besoin ; les différentes finances qu’ils ont versées en différens temps en sont la preuve. Un ancien ministre avoit pour maxime qu’il falloit conserver les poules dont au besoin on mangeoit les œufs.

  1. Archives d’Eure-et-Loir. — Fonds de Saint-Chéron.