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CHAPITRE XXV

DOURDAN EN 1789.


Comme les situations, les personnages et les rôles changent ; le dénouement amène sur la scène de nouveaux acteurs. — Né en 1739, d’une bonne famille bretonne, Charles-François Lebrun avait fait de solides études. « L’esprit des lois » lui ayant révélé la science sociale, il avait voyagé en Hollande et en Angleterre (1762). Devenu secrétaire de M. de Maupeou, il se trouvait mêlé tout jeune aux plus grandes affaires de ces temps orageux et apprenait à y connaître les hommes et les choses. Marié en 1773 à mademoiselle de Lagoutte, rendu indépendant par la fortune et libre par la disgrâce du chancelier, il avait acquis, moyennant 40,000 livres, du chevalier de Maupeou, la petite terre de Grillon, à la porte de Dourdan, et c’est dans ce modeste et paisible asile, où était mort Regnard, auprès de sa femme et de sa belle-mère qui l’adoraient, au milieu d’une population dont il sut gagner la confiance, que s’écoulèrent les quinze années les plus heureuses et les plus calmes de sa longue carrière. « Je cultivais, dit-il, mon jardin et quelques champs. Je méditais des projets d’écrits. Je relisais toujours mon Montesquieu, quelquefois Aristote ; je revenais souvent à la littérature grecque, latine, anglaise et italienne. Une fois par an je relisais mon Tacite tout entier »[1].

  1. Documents pour l’histoire de la Révolution : Opinions de M. Lebrun. — Paris, Bossange, 1829.