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CHAPITRE XXVI.

âge présentés par leurs mères, et apercevant dans l’assistance un dragon impérial s’écria vivement : « Oh ! maman, un soldat de papa ! » Des larmes mouillèrent les yeux de Marie-Louise et le triste cortége repartit au grand trot.

Dourdan retrouvait en quelque sorte, avec l’ancienne dynastie, ses anciens maîtres. Le 9 octobre 1814, MM. de Verteillac, Boivin, Dauvigny et Roussineau présentaient, aux Tuileries, au roi Louis XVIII, les hommages de la ville de Dourdan, et se rendaient le même jour au Palais-Royal, chez le duc d’Orléans, dans l’apanage duquel la forêt de Dourdan rentrait dès le 21 octobre.

L’année suivante reparut l’étranger. Cette fois on avait tout à redouter de sa présence. M. de Verteillac, colonel de la garde nationale de Seine-et-Oise, sut encore par son influence et sa ferme attitude prévenir tout excès de l’ennemi et tout conflit avec la population. La ville de Dourdan n’eut réellement pas à souffrir, comme elle pouvait le craindre, de cette dangereuse invasion. Elle en a gardé un reconnaissant souvenir à son maire d’alors, l’aimable marquis, ancien militaire aux allures de vrai gentilhomme, aussi peu ménager de sa fortune que de ses bons offices.

Secondé dans son administration par MM. Thirouin et Genêt, adjoints, il conserva la mairie jusqu’en 1817, et fut remplacé par M. Demetz, élu pour la seconde fois. C’est grâce à l’initiative de MM. Demetz, Lebrun et Boivin, que la souscription ouverte pour l’achat du Parterre par les habitants avait été couverte. M. Demetz s’était engagé par avance à garder pour son compte deux fois le nombre des actions prises par le plus fort souscripteur. Préoccupé du projet de retrait de la maison de détention à laquelle la ville paraissait tenir, il fit faire à ses frais un plan général de réorganisation des bâtiments, mais ne put réussir à le faire accepter de l’administration supérieure. M. Demetz a eu le bonheur de laisser, pour perpétuer son nom, un fils que Dourdan revendique comme un de ses plus chers citoyens. La France entière connaît le vénérable magistrat qui a fondé l’admirable colonie pénitentiaire de Mettray ; la ville de Dourdan aime à posséder, trop rarement, hélas ! dans ses murs, l’homme infatigable et dévoué toujours fidèle à l’amour du toit paternel et du pays natal, dont il représente depuis de si longues années un des cantons au conseil général de Seine-et-Oise.

M. Moulin, baron de Menainville, fut maire de Dourdan de septembre 1821 à février 1826. Des réparations importantes à l’église et au presbytère datent de son passage. Un souvenir précieux aux Dourdanais se rattache à son administration l’institution de la Rosière.

Un homme généreux, né à Dourdan, M. Michel, doyen des avoués de la Cour d’appel de Paris, eut l’heureuse et féconde pensée de laisser un legs de douze mille francs, dont l’intérêt permettrait d’offrir, chaque année, une dot de six cents francs à la jeune fille de Dourdan réputée la plus vertueuse, « dans la vue de ramener la jeunesse à de bonnes mœurs,