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PROMENADE DANS LES DEUX CANTONS DE DOURDAN.

geois venir avec leurs bannières d’au delà de Dourdan, et s’y reposer en chantant à la chapelle de l’Hôtel-Dieu ; des charrettes pleines de vieillards cheminer par les routes, et une sorte de foire, moitié religieuse moitié profane, dresser ses tentes autour de l’église.

Saluons, en passant, la dernière maison qu’on rencontre en sortant du village, aux contrevents verts, à la grille blanche, avec son jardin taillé dans les prés. C’est l’ermitage du vieux poëte académicien Viennet qui a atteint et chanté là ses quatre-vingts ans et qui, durant de nombreuses années, maire du Val-Saint-Germain, a voulu s’y faire porter encore une fois l’an passé et s’y est éteint, visité à sa dernière heure par tous les grands personnages des environs qui sont venus rendre un dernier hommage à l’aimable patriarche de la vallée.

Laissant sur la droite le moulin de Levimpont et traversant le hameau du Pont-Rué, nous apercevons à mi-côte la commune de Saint-Cyr dominée par son clocher. A l’entrée du village une ferme, avec des tourelles aux angles, ressemble à une demeure fortifiée ; là en effet était l’hôtel seigneurial du fief de la Tour de Saint-Cyr, bâti en 1560 à la place d’une vieille tour, auprès de l’église construite elle-même en 1540 sur l’emplacement de l’enclos du fief. Admirons dans l’église, nouvellement restaurée avec beaucoup de goût et parfaitement entretenue, les colonnettes s’épanouissant en forme de palmiers qui séparent la nef de l’unique bas-côté et les voûtes armoriées. Saint-Cyr par lui même est restreint, mais le hameau de Bandeville lui fait immédiatement suite. Traversant la route de Limours qui monte entre les deux et que nous reprendrons tout à l’heure, visitons Bandeville. Ceux qui l’ont vu il y a plusieurs années auraient peine à reconnaître son chemin boueux et ses chaumières dans cette longue rue à chaussée solide, bordée de trottoirs et de maisons neuves qui respirent l’aisance. C’est qu’au bout de cette rue est le château dont l’heureuse influence est loin d’être étrangère à tout ce qui se fait d’utile dans le pays. Encore une belle propriété, une noble demeure, centre depuis le xvie siècle d’un très-vaste domaine territorial. Cette fois, la grande façade de brique et les hautes cheminées nous reportent au temps de Louis XIII ; un perron s’ouvre en face de la grille, un autre regarde le parc où des pièces d’eau superposées montent avec le terrain et s’encadrent dans de magnifiques ombrages habités par des troupeaux de daims.

Jadis existait là une simple maison seigneuriale avec un colombier et quelques jardins. Sept fiefs et plusieurs arrière-fiefs formaient sa mouvance et elle relevait elle-même de la grosse tour de Montlhéry. L’ancienne famille de Simon de Bandeville l’habitait au xiiie et au xive siècle, les du Belloy et les de Balu se la transmettaient au xve ; Thomas Rappouël l’achetait en 1530. Ce Thomas Rappoüel, notaire et secrétaire du roi et de sa chambre, surintendant de ses finances, comme l’indiquait une tombe placée dans la chapelle à côté du chœur dans l’église de Saint-Cyr, paraît