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PROMENADE DANS LES DEUX CANTONS DE DOURDAN.

ses yeux réunit des spécimens de races, procédés, instruments agricoles perfectionnés. Un beau moulin, qui était très-anciennement une fonderie de minerai de fer, s’élève en face du château. Les terres de la vallée sont soumises à des essais de toutes sortes ; le Plessis, où nous reviendrons, a son institut agricole, la Bâte a ses tuileries mécaniques, et le promeneur intelligent se plaît à retrouver aux portes de notre Beauce des goûts qui rappellent la noble vie anglaise.

Repassant par Saint-Cyr et gravissant la route de Limours, on gagne la commune d’Angervilliers. Deux généralités, celle de Paris et celle d’Orléans se partageaient autrefois son territoire. L’église date du xive siècle. A la place du château moderne de M. de Périgny, s’élevait encore au commencement du siècle, le vieux château dont Le Nôtre avait dessiné le parc et dont les étangs s’alimentaient par des aqueducs souterrains passant sous le village.

La terre d’Angervilliers, jadis relevant d’Aunainville en Beauce, appartenait à Élisabeth d’Angervilliers et à Étienne Boutard au xive siècle, — aux Sanguin, etc., pendant le xve. Donnée, en 1555, par le cardinal de Meudon à la dame de Pisseleu, duchesse d’Étampes, qui possédait aussi Dourdan et habitait le château de Limours, elle passa à son neveu Charles de Barbançon. Au xviie siècle, acquise par le président de Thou, cédée à Jacques Bouhier de Beauregard, considérablement augmentée par son petit-fils Édouard Ollier de Nointel, vendue à la famille Bouin qui l’occupa pendant une grande partie du xviiie siècle, elle eut pour derniers possesseurs les Rolland, les de Bouville et les Julien.

Le sol, sur plusieurs points ingrat pour la culture des céréales, mais assez favorable pour celle du châtaignier, a été de tout temps fouillé, et on a cherché à utiliser ses éléments divers. Les rognons ou minerais de fer qu’on rencontre assez abondamment dans les sables argileux ont été jadis l’objet d’une exploitation depuis longtemps abandonnée, et nous trouvons, entre autres, la mention d’une usine à fer sur le chemin d’Angervilliers au Marais, appartenant au seigneur du Marais en 1488. L’argile, propre à la cuisson, a toujours attiré sur les lieux des tuileries dont certains hameaux portent encore le nom et dont les produits sont estimés. Les pentes sableuses ont été affectées autrefois à la culture du raisin et il est question de vente de vignes « aux montagnes d’Angervilliers, » dans des contrats de 1484. Le sable lui-même, par son grain régulier, par son lavage parfait, est recherché et exploité pour les ciments. La main de l’homme, toujours industrieuse et active, arrache à la terre ses entrailles quand elle n’y trouve pas des sucs nourriciers.

Traversons, ou plutôt côtoyons des bois qui s’étendent sur le plateau, et dont la lisière nous conduira, en tournant, sur la commune de Bonnelles. Voici, adossé à ces bois, le domaine de Bissy, dont le château nouvellement restauré, les belles pièces d’eau, le grand parc, constituaient un fief considérable pour lequel messire d’Orsay, président au grand