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PROMENADE DANS LES DEUX CANTONS DE DOURDAN.

sainte Anne et sainte Scariberge, qui date de l’époque romane, était l’objet d’un pèlerinage fréquenté ; elle appartient à la fabrique de Bullion et vient d’être réparée. Lonchêne a eu ses seigneurs et sa chapelle. Le château et la ferme de Ronqueux, après avoir appartenu au général Digeon et au comte d’Aramont, sont aujourd’hui la propriété de l’honorable M. d’Hendecourt.

Ronqueux nous mène près du territoire de la commune de la Celle-les-Bordes, et nous tentrons dans l’ancien diocèse de Paris. Le village de la Celle est situé dans une petite vallée dominée au nord par la plaine et bordée jadis par des vignes. Le voisinage de la forêt de Rambouillet ou d’Yveline lui a fait donner le nom de Cella Æqualina[1] ; la proximité de Cernay-la-Ville, celui de Cella ad Sarnetum ; les vieux souvenirs de saint Germain lui ont valu le surnom de Cella Sancti Germani[2]. Peut-être donnée à saint Germain lui-même par Childebert, cette terre appartenait à l’abbaye Saint-Germain, et il est constant que, du temps même de Charlemagne, il y avait deux paroisses et deux églises dans la commune, celle de la Celle et celle des Bordes. L’église des Bordes n’existe plus. Les seigneurs de la Celle étaient les de Harville. Le premier paraît être Claude de Harville, également seigneur de Palaiseau (1580). Le château de brique et de grès a été récemment vendu à la maison de Bonnelles ; quant à l’église, elle a été dévastée à la Révolution. — Parmi les seigneurs des Bordes, on cite Alexandre des Bordes, parent de l’illustre Guy de Lévis, et Philippe des Bordes (1326), dont la femme est inhumée dans l’église de la Celle. L’ancien château-fort des Bordes, qui appartenait, avant la Révolution, aux maîtres de Bonnelles, a passé entre les mains du représentant Calès, de la bande noire, de M. Bar, du comte de Wall. Le propriétaire actuel, M. Flury, a fait élever au milieu du parc un nouveau château ; mais il reste de l’ancien la porte principale, flanquée de deux tours, et des bâtiments convertis en communs.

Rapprochons-nous de Dourdan, en traversant les bois de la Celle qui touchent à ceux de Rochefort. Sur la route de Bonnelles à Rochefort, le vieux pont du Bourg-neuf servait à traverser le fond de la prairie, et, non loin de là, dans la ferme de la Cense, on montre la chambre de Henri IV et de la belle Gabrielle. Pour avoir une juste idée de Rochefort, ce n’est point par le haut qu’il faudrait l’aborder. C’est d’en bas et d’un peu loin qu’il convient de voir l’abrupte colline faite exprès pour servir de base à une citadelle. Rochefort-en-Yveline est une des capitales de la féodalité, c’est la féodalité vivante. Ce n’est pas un village, c’est une ville seigneuriale. Les ruines qui couronnent sa tête, les maisons aux grandes portes armoriées qu’on rencontre dans ses rues montueuses,

  1. Manuscrit de St-Germain-des-Prés sous l’abbé Irminon.
  2. Charte de 774.