Page:Chronique d une ancienne ville royale Dourdan.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
56
CHAPITRE V.

par le noble et vénérable vieillard, on est frappé de son ardente piété, de ses mœurs simples et de son fidèle souvenir pour sa ville natale. Après un grand et touchant acte de foi et avant l’énumération naïve des biens et meubles usuels dont il fait don à ses parents et à ses amis, on lit ces lignes : « Il laisse à l’église Sainct Germain de Dourdan trente livres parisis de rente par chacun an à tousiours, parmy ce qu’ils auront creuë en ladite église un religieux qui sera tenuz de dire par chacun jour perpétuellement une messe et avecques ce seront tenus en ladite église faire son anniversaire chacun an une fois solennellement à tel jour qu’il trespassera et sera faict à l’ordenance de sesdits exécuteurs en la meilleur manière que faire se pourra par le conseil de sages. » Au nombre de ces exécuteurs testamentaires qu’il « eslit par grant seurté et vraye amitié » nous ne sommes pas surpris de trouver au premier rang frère Robert Joudouin, le prieur de Saint-Germain, monté en dignité et devenu abbé de Saint-Chéron. Par une des clauses de ce testament, le vieux comte prend soin de laisser à un de ses meilleurs amis, « monsieur Pierre Torel, son conseiller, son bréviaire à l’usage de Chartres. » C’était celui dont il se servait à Dourdan, la seule de ses résidences qui fût dans l’évêché de Chartres[1].

On aime à se représenter dans l’église Saint-Germain ce bon seigneur assistant dévotement aux offices des chanoines ; on cherche volontiers la place qu’il y occupait et c’est avec intérêt qu’on lit dans de Lescornay les détails suivants : « Il fut enterré auprès de sa femme à Saint-Denys en France. Mais je croy qu’on réserva son cœur ou autres parties pour Dourdan : car je trouve que dans l’église de Saint-Germain, derrière l’hostel de Saincte-Barbe, il y a une espèce de tombeau qui porte les armes de sa maison, par les restes duquel on remarque contre la muraille, à la hauteur de cinq ou six pieds, une saillie de pierres de taille et sur icelles un empatement de croix (aussi ay-je appris des anciens du pays qu’il y avait un fort beau crucifix qui fut ruiné pendant les troubles de l’année 1567). Je lui attribuë cet ouvrage encore qu’il convienne aussi bien à ses père et ayeul : mais je n’ay point veu qu’ils eussent tant de dévotion à ceste église que luy qui y avoit été baptisé, à cause de quoyil auroit aussi voulu y laisser quelque partie de son corps. Ou en fin si l’on veut nier que soit un tombeau, à tout le moins faudra-t-il advouer que c’estoit un crucifix que luy ou ses prédécesseurs avoient fait mettre en ce lieu, afin de l’avoir pour perpétuel object lorsqu’ils seroient dans leur banc, qui estoit en cet endroit, au lieu duquel depuis on a basty l’autel de Saincte-Barbe[2]. »

Louis d’Étampes s’occupa aussi, on peut le croire, des frères de Louye qui avaient eu à souffrir, non moins que les chanoines de Saint-Germain,

  1. De Lescornay, p. 103.
  2. De Lescornay, p. 113. — Aujourd’hui autel Saint-Pierre.