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DOURDAN SOUS LES DUCS DE BERRY ET DE BOURGOGNE.

pour ledit fait de la guerre ès pays comtés d’Estampes et de Gien, ville de chastallenie de Dourdan, ressors et appartenances d’iceulx, avec le prouffit des gabelles de sel et toutes amendes, exploits et fortraictures (sic) qui pourront revenir à cause des diz aides et gabelles, en cette présente année, pareillement que par nostre don et octroy il les a eues et prinses les années passées[1]. »

C’est au duc de Berry qu’on doit attribuer les fortifications de Dourdan. L’emploi du canon, qui se généralisait, nécessitait un système de défense nouveau. Dourdan fut entouré d’une solide muraille flanquée de tours, dont la distance était calculée sur la portée des pièces alors usitées. Ces tours, comme on peut le voir, sont percées de meurtrières rondes taillées dans de grosses pierres qui tranchent sur l’ensemble de l’appareil et tournées en général dans trois directions. Sur certains points, la muraille est aussi garnie de meurtrières. Au pied des murailles était un fossé, aujourd’hui comblé, remplacé dans la partie inférieure de la ville par l’ancien cours de l’Orge. Quatre portes principales, flanquées de tourelles, et quelques fausses portes, comme celles du Petit-Huis et du faubourg Grousteau, donnaient seules accès dans la ville.

Nous en demandons pardon à nos lecteurs ; mais nous ne sommes pas au bout dés transactions, donations, substitutions, qui firent passer Dourdan en bien des mains différentes dans l’espace d’un siècle ; et c’est une pénible époque que celle où les villes et les peuples changeaient à toute heure de maître, suivant les caprices, les arrangements de famille ou les embarras de fortune de leurs seigneurs.

Même avant de s’y établir ; bien mieux, même avant d’avoir vu mourir le comte Louis, donateur usufruitier, le duc de Berry avait déjà disposé deux fois des seigneuries d’Étampes et de Dourdan. Il avait fait à son neveu, le roi Charles VI, remise générale, après lui, de tous ses biens[2], à la charge que le roi donnerait cent mille livres à sa fille Bonne et soixante mille à sa fille Marie ; et comme le roi Charles VI avait daigné, malgré ce contrat, lui permettre de disposer à son gré d’Étampes, Gien et Dourdan, il les avait une seconde fois aliénés, et cette fois en faveur de son propre frère, Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, et de ses enfants[3]. Cette donation, du 28 janvier 1387, n’était, à proprement parler, qu’une substitution avec rétention d’usufruit au profit du duc de Berry. Mais Philippe le Hardi étant mort en 1404, avant le duc de Berry, la propriété d’Étampes et de Dourdan passa à son fils aîné, Jean de Bourgogne, dit Jean-sans-Peur, qui ne devait également en prendre possession qu’après le duc de Berry. On va voir com-

  1. Publicat. de la Société d’histoire de France, 1863, tom. I, p. 244.
  2. Anciens mémoriaux de la chambre des Comptes, livre E, feuillet 77. — B. Fleureau, p. 168.
  3. Arch. de l’Empire, J. 382, 11.