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DE GUILLAUME DE NANGIS

comme possédant un pouvoir égal à celui de l’empereur, dont il ne différait que par le privilège de la couronne et le seul nom de la dignité. Enorgueilli de ces honneurs, Alexis séduisit les grands par ses présens, et, fratricide plein de scélératesse, se révolta contre son frère et son seigneur, et, après l’avoir renversé du trône, il lui fit crever les yeux et le renferma dans une prison. Ensuite, ayant ignominieusement usurpé le nom d’empereur, il donna ordre de crever les yeux au fils de l’empereur Cursat, nommé Alexis. Alexis en ayant été instruit, se réfugia auprès de Philippe, roi des Romains, mari de sa soeur.


[1201]

Octavien, évêque d’Ostie, et Jean, évêque de Velletri, vinrent en France en qualité de légats, et, par leurs avertissemens, le roi de France, Philippe, reçut en grâce, en quelque façon, sa femme Isemburge, et se sépara de son autre femme ; c’est pourquoi, levant l’interdit de la France, les légats convoquèrent à Soissons un concile dans lequel, en présence du roi et des évêques et barons de tout le royaume, on traita pendant quinze jours de la confirmation ou de la rupture du mariage de la reine Isemburge. Après beaucoup de différentes discussions des juris-consultes, le roi, ennuyé de tant de longueurs, laissa là les cardinaux et les évêques, et s’éloigna dès le grand matin avec sa femme Isemburge, sans leur dire adieu. Il leur manda par ses messagers qu’il emmenait sa femme avec lui, comme lui appartenant, et qu’il ne voulait pas se séparer d’elle. A ce message, tous restèrent stupéfaits et le concile fut rompu. La reine Marie, que le roi Philippe avait épousée après la reine Isemburge, ayant appris la nouvelle de son