Page:Chronique de Guillaume de Nangis.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
134
CHRONIQUE

les abbés et tout le clergé de la province entière, reçut du comte de Toulouse et des autres barons, le serment de faire reconnaître dans tout le pays l’autorité de l’Église romaine, de rétablir les revenus du clergé, de faire promptement justice des hérétiques avoués et convaincus, et d’employer tout leur pouvoir à extirper de toute la province la perversité hérétique. Savary de Mauléon, qui avait passé en Angleterre avec les Anglais, ayant reconnu que, se défiant de lui, ils se préparaient à le perdre secrètement, prit une salutaire résolution, et, retournant en France, il se soumit, et fit hommage au roi Louis.


[1225]

Au temps de Pâques, il vint en Flandre un homme vêtu en pèlerin, qui se faisait passer pour Baudouin, empereur de Constantinople, qui avait disparu ; et il prétendait avoir été délivré, comme par miracle, des prisons des Grecs. Un grand nombre de nobles de Flandre, l’ayant vu, se rangèrent de son parti, frappés de quelques particularités qu’il leur rapportait, ainsi que de plusieurs façons de parler et gestes familiers au comte Baudouin ; mais Jeanne, comtesse de Flandre, qu’il avait privée du comté, se rendit vers le roi de France Louis, et le pria de la remettre en possession de son comté. Le roi ayant appris ce qui se passait, appela cet homme à Péronne, lui demanda qui l’avait fait chevalier, et dans quel endroit il avait fait hommage à son père le roi Philippe : comme il réclama un délai à ce sujet, et ne voulut point répondre, on lui ordonna de sortir du royaume de France dans l’espace de trois jours. Pendant qu’il s’en retournait il fut abandonné par les siens à Valenciennes. Enfin, s’étant enfui à travers la