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CHRONIQUE

et attaqua d’abord le château de Boniface, qui, fortement ébranlé par les coups de machines, se rendit bientôt. Ensuite il dompta tellement les Marseillais, accablés par un long siège, et épuisés par la disette de vivres, qu’ils furent forcés de se rendre à discrétion. Pour qu’une si audacieuse rébellion ne demeurât pas impunie, les chefs de cette sédition furent livrés à la rigueur des lois et décapités, et, s’emparant de la terre de Boniface, Charles le chassa lui-même du territoire de la Provence. Par ces succès, il se rendit terrible à ses ennemis, et acquit chez les nations étrangères une glorieuse renommée.


[1263]

Henri, roi d’Angleterre, ayant, par le conseil des prélats et des grands, établi dans son royaume des statuts avantageux à l’État, et lui-même, ainsi que les prélats, les barons et les chevaliers de toute l’Angleterre, ayant, devant les prélats, juré par serment, et sous peine d’excommunication, de les observer inviolablement, ils exigèrent d’en faire autant Simon de Montfort, comte de Leicester, et beau-frère du roi Henri, qui ayant éprouvé leur inconstance, déjà manifestée par la révocation de statuts du même genre, et craignant que dans la suite ils ne revinssent de même sur ceux-ci, jura qu’il ne les révoquerait jamais. Dans la suite en effet, ayant imprudemment anéanti ces réglemens, ils sommèrent Simon de faire comme eux : mais il voulait observer inviolablement la foi du serment ce qui occasiona entre eux des guerres et des dissensions. En effet, Henri roi d’Angleterre, et Richard roi des Romains, son frère, avec la plus grande partie des barons d’Angleterre, rassemblèrent pour ce sujet une armée contre ledit Simon. Mais Simon,