route an mois de mars pour aller au secours de la Terre-Sainte avec ses trois fils, Jean comte de Nevers, Pierre comte d’Alençon, et Philippe, l’aîné de tous ; son neveu Robert, comte d’Artois ; Thibaut, comte de Champagne et roi de Navarre, et beaucoup d’autres barons, chevaliers et prélats de son royaume, dont il abandonna le soin à Matthieu, abbé de Saint-Denis en France, homme religieux et prudent, et au sage et fidèle chevalier Simon de Clermont, seigneur de Nivelle. Mais pour qu’on recouvrât plus facilement la Terre-Sainte, le roi et les siens conçurent le projet de soumettre d’abord au pouvoir des Chrétiens le royaume de Tunis, qui, situé à moitié chemin, était un grand obstacle pour les pèlerins. Etant arrivés en ce pays, après d’énormes difficultés et de grands dangers conrus sur mer, ils s’emparèrent facilement aussitôt du port et de la ville de Carthage, située près de Tunis, et qui n’est plus maintenant qu’une petite ville.
Au mois d’août, à Carthage, vers les côtes de la mer, une grande mortalité fondit sur l’armée chrétienne, et, faisant d’excessifs progrès, enleva d’abord Jean comte de Nevers, fils du roi de France, ensuite l’évêque d’Albe légat de la cour de Rome, et enfin, le lendemain de la fête de l’apôtre saint Barthélemi, le saint roi de France Louis, avec un grand nombre d’autres, tant barons que chevaliers et gens du moyen peuple. Mais je ne crois pas devoir omettre ici avec quelle félicité le saint roi monta vers le Seigneur. En proie à la maladie, il ne cessait de louer le nom du Seigneur ; demandait autant qu’il le pouvait, en s’efforçant de parler, la faveur des saints qui le prot-