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CHRONIQUE

dinaux, ou de leurs satellites et gens, et il s’appliqua à les secourir en partie, s’il ne le put faire tout-à-fait, Au mois d’août, le roi Philippe fit chasser entièrerement du royaume de France tous les Juifs, et leur ordonna sous peine de mort d’en sortir à un jour fixé. Il y eut au temps d’hiver une grande inondation des eaux des rivières ; et les eaux, avant de décroître, gelèrent si fortement, qu’elles ocasionnèrent ensuite beaucoup de dommages dans plusieurs endroits ; le choc et l’entraînement rapide des glaçons après leur débâcle renversèrent des maisons, des ponts et beaucoup de moulins. A Paris, sur le port de la Grève, un grand nombre de barques chargées de diverses marchandises furent brisées et détruites avec tous ceux qui étaient dedans.

A l’occasion du changement de l’élévation du cours de la monnaie, et surtout à cause des loyers des maisons, il s’éleva à Paris une funeste sédition. Les habitans de cette ville s’efforçaient de louer leurs maisons et de recevoir le prix de leur location en forte monnaie, selon l’ordonnance royale la multitude du commun peuple trouvait très-onéreux qu’on eût triplé par là le prix accoutumé. Enfin quelques hommes du peuple s’étant réunis avec beaucoup d’autres contre le roi et contre les bourgeois, marchèrent en grande hâte vers la maison du Temple à Paris, où ils savaient qu’était le roi ; mais n’ayant pu arriver jusqu’à lui, ils s’emparèrent aussitôt, autant qu’ils le purent, des entrées et issues de la maison du Temple pour qu’on n’apportât pas de nourriture au roi. Ayant appris ensuite qu’Etienne Barbette, riche et puissant citoyen de Paris, directeur de la monnaie et des che-