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DE GUILLAUME DE NANGIS

même mois d’octobre, pour procurer des secours à la Terre-Sainte, pour la réformation de l’état de l’Église universelle, et surtout pour l’affaire qui s’était élevée au sujet de l’ordre et des frères du Temple, dont le pape déclara, en présence du roi et des cardinaux, que soixante environ avaient reconnu la vérité des accusations dont on les chargeait. Le pape manda donc partout par ses lettres aux archevêques et évêques, et surtout à ceux du royaume de France, et ordonna aux inquisiteurs de la perversité hérétique qu’Ils s’appliquassent soigneusement à l’affaire des Templiers, et qu’autant qu’ils en pourraient prendre ils se hâtassent de les juger d’après leurs mérites, et de conduire par le conseil des doctes leur affaire à bonne fin. Le grand-maître et un petit nombre d’autres des principaux de cet ordre furent pour un temps et par une sentence positive du Siège apostolique, réservés à l’excommunication ou au supplice.

Vers le même temps vinrent en France quelques hommes de Flandre, d’un extérieur simple, mais imposteurs, comme l’événement le prouva. Par l’effet de leurs astucieux artifices, il se répandit aussitôt parmi le peuplé le bruit frivole, mais général,que le seigneur Geoffroi de Brabant, comte d’Eu, Jean de Brabant, son fils, le seigneur de Vierzon, et un grand nombre d’autres tués depuis long-temps à la bataille de Courtrai avec Robert, comte d’Artois, s’étaient comme par miracle échappés vivans, et, à cause du bienfait de leur délivrance, avaient entrepris et juré entre eux de mendier par le royaume de France sous l’humble habit de pauvreté, et de se tenir cachés au milieu des leurs pendant sept ans, et qu’au bout de ce terme ils