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CHRONIQUE

quel, au jugement de tous les théologiens qui l’avaient examiné avec soin, étaient contenues beaucoup d’erreurs et d’hérésies, entre autres celle-ci que l’ame anéantie dans l’amour du Créateur peut et doit accorder à la nature tout ce qu’elle desire et demande, sans reproche ni remords de conscience, ce qui sent évidemment l’hérésie. Elle ne voulut pas abjurer ce livre ni les erreurs qu’il contenait, et méprisa même la sentence d’excommunication portée contre elle par l’inquisiteur de la perversité hérétique. N’ayant pas voulu, après les sommations nécessaires, comparaître devant l’évêque, et ayant persisté pendant plus d’un an avec un opiniâtre endurcisssement et jusqu’à la fin dans sa perversité, elle fut, en présence du clergé et du peuple rassemblés à ce sujet, exposée sur la place publique de Grève, et livrée au bras séculier. Le prévôt de Paris, s’en étant aussitôt emparé, la fit brûler le lendemain sur cette même place. Cependant, à ses derniers momens, d’après le témoignage de ceux qui la virent, elle donna beaucoup de nobles et religieuses marques de pénitence, qui touchèrent d’une pieuse compassion le cœur de beaucoup d’assistans, et leur firent répandre des larmes. Le même jour, un homme converti depuis long-temps du judaïsme à la foi catholique, qui était retourné comme un chien à son vomissement, et s’était efforcé de cracher sur les images de la sainte Vierge, par mépris pour elle, fut livré aux flammes sur cette place, et passa ainsi du feu temporel aux feux éternels. Alors aussi un imposteur nommé Guiard de Cressonessart, se prétendant un ange envoyé immédiatement de Dieu à Philadelphie pour ranimer les partisans du Christ,