Page:Chronique de Guillaume de Nangis.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
CHRONIQUE

obtenir grâce. Sur quoi le lendemain, l’homme de Dieu, Bernard, animé d’une ardeur religieuse, réprimanda longuement le roi de ce qu’il méprisait les ministres du Seigneur, et lui déclara sans aucune feinte ce qui lui avait été révélé la nuit même. Cet endurcissement, lui dit-il, sera puni par la mort du roi Philippe, ton fils aîné : ce qui arriva, comme on l’a vu plus haut. Le pape Innocent II tint à Rheims un grand synode, dans lequel, après beaucoup de dispositions faites pour l’honneur de Dieu, il couronna roi, à la place de son frère Philippe, tué par un porc, Louis, autre fils de Louis, roi des Français. L’église de Saint-Médard de Soissons fut consacrée par le pape Innocent. Baudouin, roi de Jérusalem, mourut, et eut pour successeur Foulques, comte d’Anjou, son gendre.


[1132]

En ce temps mourut le saint homme Hugues, évêque de Grenoble, dont Gui, prieur de la Chartreuse, a écrit la très-pieuse vie. A cette époque, l’Église portait une face brillante et belle, et elle se voyait entourée d’un grand nombre d’ordres de règles diverses : d’un côté les moines de Cluny et de Cîteaux, de l’autre, les chanoines des Prémontrés et les chanoines réguliers, comme aussi des nonnes de divers habits et professions, et des femmes consacrées à Dieu, vivaient, selon les règles, dans la continence et la pauvreté, sous le joug de l’obéissance, rivalisant de ferveur religieuse, et fondant à l’envi de nouveaux monastères dans différens endroits. Avec eux aussi les moines chartreux se multipliaient plus considérablement en France. Plus continens que tous les autres, ils mirent des bornes à l’ava-