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CHRONIQUE

remporterait bientôt sur eux le triomphe qu’il desirait. Mais aussitôt les bataillons anglais furent écrasés par les armes puissantes des ennemis. Le roi Edouard lui-même, quittant le champ de bataille, accompagné d’un petit nombre de gens, trouva à grand’peine son salut dans la fuite ; ce qui couvrit à jamais les Anglais d’un opprobre éternel. Ledit Robert Bruce, chef des Ecossais était placé au milieu des siens comme le cœur au milieu des membres ; et bien que, selon le dire de plusieurs, ils fussent protégés par le cilice encore plus que par les armes, et fortifiés d’une confiance toute particulière dans le Seigneur, qui accorde la victoire aux plus dignes, cependant, comme Bruce s’élevait au milieu de tous non seulement par ses vertus et son courage, mais encore par l’humilité de sa dévotion, ce fut lui qui attira sur eux le secours divin. Décidés, s’il le fallait, à s’exposer à la mort avec un audacieux courage pour leur liberté et celle de leur patrie, non seulement ils soutinrent ce combat, mais remportèrent sur les Anglais une glorieuse victoire. Le comte de Glocester et beaucoup d’autres furent tués, beaucoup de grands et de nobles furent pris vivans, et se rachetèrent ensuite au prix de beaucoup d’argent. Les Ecossais partagèrent le butin provenant des rançons des prisonniers et des dépouilles des fuyards, et par là s’enrichirent, s’agrandirent et accrurent leurs forces. Cependant, quoique après cette victoire ils eussent pu facilement forcer à se rendre la reine d’Angleterre Isabelle, qu’ils tenaient assiégée dans un château voisin, par crainte ou par égard pour le roi de France son père, ils la laissèrent se retirer librement et pai-