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DE GUILLAUME DE NANGIS

dire un souverain pontife ; mais cette démarche eut peu ou point de succès.


[1315]

Enguerrand de Marigny chevalier de manières très-agréables, prudent, sage et habile, était établi au dessus de la nation en grande autorité et puissance et était le conseiller principal et spécial de feu Philippe, roi de France. Devenu, pour ainsi dire, plus que maire du palais, il était à la tête du gouvernement de tout le royaume de France ; c’était lui qui expédiait toutes les affaires difficiles à régler, et tous et chacun lui obéissaient au moindre signe comme au plus puissant. Il fut, dans le temple à Paris, honteusement accusé devant tous, en présence du roi Louis, de crimes exécrables, par Charles, comte de Valois, oncle du roi Louis, et par quelques autres qu’approuvait en cela la multitude du commun peuple irritée contre lui, principalement à cause dés différentes altérations de la monnaie et des nombreuses extorsions dont le peuple avait été accablé sous le feu roi Philippe et qu’on attribuait à ses mauvais conseils. Par les suggestions dudit Charles, Enguerrand et plusieurs autres à qui il avait confié la garde du trésor du roi ou d’autres emplois relatifs aux affaires du roi et du royaume, à savoir les clercs de l’official, et les agens laïques du prévôt de Paris, furent renfermés en différentes prisons, et plusieurs mis à la question et livrés à divers tourmens. Quoique ledit chevalier eût très-souvent demandé avec beaucoup d’instances qu’il lui fût accordé d’être entendu sur sa justification, il ne put cependant l’obtenir, empêché qu’il fut par la puissance dudit comte de Valois. Le jeune roi cependant était disposé, du moins au commencement, a le pro-