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CHRONIQUE

tuassent comme un traître ; mais le chancelier du comte en donna avis au seigneur Robert avant que ladite lettre signée eût été remise aux hommes de ladite ville. A cette nouvelle, le seigneur Robert s’éloigna le plus promptement possible de la ville, en sorte que la lettre du comte étant arrivée après, la fuite du seigneur Robert empêcha qu’elle n’eût aucun effet ; de là de grandes inimitiés s’élevèrent entre ledit comte et le seigneur Robert. Le comte ayant fait saisir le chancelier, comme il lui demandait pourquoi il avait trahi son secret, le chancelier répondit que c’était pour empêcher le comte de se déshonorer ; cependant ledit chancelier fut renfermé dans une prison du comte. Peu de temps après, peut-être en punition de ses péchés, il arriva dans Courtrai audit comte une grande infortune. Dans les précédens traités de paix, le comte et les Flamands ayant promis au roi une très-forte somme d’argent qui serait perçue sur les comtés des villes, ledit comte envoya pour lever et recueillir la somme qu’il avait imposée, quelques nobles et quelques riches bourgeois de Bruges, d’Ypres et de Courtrai. Il sembla aux communautés et aux hommes des villages que lesdits percepteurs levaient une quantité d’argent plus forte que la somme due au roi de France ; ils ignoraient même si avec cet argent on s’acquitterait envers le roi de France. C’est pourquoi les chefs des communautés demandèrent au comte que les percepteurs rendissent compte de ce qu’ils avaient reçu ; mais le comte n’y ayant pas consenti, il s’éleva entre eux une grave dissension. Les percepteurs se retirant à Courtrai avec le comte, après une commune délibération, ré-