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DE GUILLAUME DE NANGIS

gleterre, s’étant réunis à une conférence entre Trie et Gisors, pour apaiser leurs différends, prirent la croix, à la persuasion de l’archevêque de Tyr, qui était venu en France solliciter des secours pour la Terre -Sainte. Les barons et les chevaliers, et une foule innombrable d’hommes de toute condition, excités par leur exemple, prirent aussi la croix du Seigneur. Dans le même temps, Frédéric, empereur des Romains, s’engagea au même vœu de pèlerinage, et tous, dans son empire, et même dans tout l’univers, brûlaient du même desir et du même zèle.

Par le conseil de Philippe, roi de France, et des grands de son royaume, on mit la dîme sur tous les biens et meubles pour le soutien des pélerins qui marchaient vers la Terre-Sainte. Cela tourna à grand dommage parce qu’un grand nombre de ceux qui percevaient la dîme surchargeaient plus violemment les églises et l’on a cru que ce fut à cause de ce péché qu’échoua le voyage d’outre-mer. Satan, jaloux des heureux commencemens de l’entreprise des princes croisés, sema la discorde entre eux pour que cette parole du prophète fût accomplie « La discorde s’est répandue sur les princes et les a fait errer hors du bon chemin. » En effet, bientôt s’éveilla entre Philippe, roi de France, et Henri, roi d’Angleterre, la discorde qu’on croyait entièrement assoupie. Le roi Philippe, ayant rassemblé un grand nombre d’hommes d’armes, entra dans le territoire d’Auvergne, et se soumit tout ce qui appartenait au roi d’Angleterre. Dès que le roi d’Angleterre l’apprit, violemment irrité, il entra en Normandie du côté de Gisors, et détruisit un grand nombre de villes. Le roi de France l’ayant ap-