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DE GUILLAUME DE NANGIS

vaillamment. Ayant donc remporté sur les ennemis une insigne victoire, pendant qu’il passait un fleuve, hélas ! ce grand prince fut submergé, et mourut noyé. Homme magnanime, brave, généreux, éloquent, sage, fameux par ses exploits et puissant vainqneur des rebelles, il étendit tellement l’Empire, qu’il surpassa presque Charlemagne par la grandeur de ses actions. Il eut pour successeur son fils Henri, qui avait été laissé pour la garde de l’Empire. Après la mort de l’empereur Frédéric, son armée vint vers Antioche, où ses hommes refirent leur corps fatigué et s’abandonnèrent aux festins, en sorte qu’un grand nombre d’entre eux furent malades ou moururent, et que d’une si forte armée il resta à peine un petit nombre de chevaliers. Le duc de Souabe, fils de l’empereur, fit transporter le corps de son père jusqu’à Tyr, où il fut enterré. Etant venu au siège d’Acre, il mourut peu de temps après.

En ce temps moururent Philippe, comte de Flandre ; Thibaut, comte de Blois ; Etienne, comte de Sancerre, et une foule très-nombreuse de grands et de nobles réunis à Acre de différentes parties du monde.


[1191]

Le pape Clément étant mort, Célestin III Romain de nation, cent soixante-dix-neuvième pape, gouverna l’Église de Rome. Il reçut la consécration pontificale le jour de Pâques, et le lendemain couronna empereur Henri, fils du roi Frédéric. Le roi de France Philippe, qui l’année précédente avait passé l’hiver en Sicile avec Richard, roi d’Angleterre, le somma, comme son homme-lige, de traverser la mer avec lui, selon sa promesse. Non seulement Richard n’y voulut point consentir, mais il ne voulut