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Page:Chronique de Guillaume de Nangis.djvu/97

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CHRONIQUE

décrétales. Henri, empereur des Romains, mourut à Messine en Sicile, laissant entre les mains du pape Innocent son fils Frédéric, encore enfant, et sa femme ; mais il confia le gouvernement de l’Empire, pour cedit enfant, à Frédéric, son frère, duc de Souabe. Les Allemands qui avaient navigué vers la Terre-Sainte, ayant appris la mort de l’empereur, au moment où ils avaient lieu d’espérer de grands succés, retournèrent dans leur pays.


[1198]

Il s’éleva entre les princes d’Allemagne une âpre dissension, les uns voulant élever au trône Philippe, frère de feu l’empereur Henri, et les autres Othon, fils du duc de Saxe, et neveu, par sa sœur, de Richard, roi d’Angleterre. Ainsi ce royaume, longtemps tranquille, fut troublé par différens partis. Cependant Philippe, duc de Souabe, et frère de l’empereur Henri, s’empara d’une grande partie de l’Empire. Othon, secouru du roi d’Angleterre, s’opposa à lui et l’attaqua à diverses fois. Quelques femmes, d’après la prédication de Foulques, prêtre de Paris, méprisant le mariage, et desirant ne servir que Dieu seul, furent placées dans l’abbaye de Saint-Antoine, à Paris, qui fut en ce temps fondée pour elles. A Rosay, dans la Brie, au sacrifice de l’autel, le vin se changea visiblement en sang, et le pain en chair. Dans le territoire du Vermandois, un chevalier mort ressuscita, prédit à beaucoup de personnes un grand nombre d’événemens futurs, et ensuite vécut long-temps sans boire ni manger. En France, vers la fête de saint Jean-Baptiste, il tomba du ciel, pendant la nuit, une rosée emmiellée qui pénétra les épis des moissons, en sorte que beaucoup de per-