Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/116

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il s’agira d’amasser des richesses, vous raisonnerez, vous en amasserez de tous côtés. Et ici, pourquoi ne raisonnez-vous pas ? Et, s’il faut placer votre argent à intérêt, vous ne direz pas : Pourquoi ne pas placer « telle somme chez les riches, telle autre chez les pauvres ? » Vous placerez le tout le mieux possible. Ici donc, et quand il s’agit d’intérêts aussi grands, pourquoi êtes-vous moins sage ; pourquoi ne pas faire trêve aux folles dépenses, aux profusions inutiles ?
Mais ces dépenses que vous blâmez me profitent aussi. – Comment cela ? Elle me font des amis. Tristes amis que ceux qui le deviennent de cette manière ! Tristes amis que ces parasites qui hantent votre table, pour s’y gorger de vos mets ! Est-il rien de plus fade qu’une amitié qui jaillit d’une semblable source ! Ah ! ne faites pas une telle injure à un sentiment aussi admirable que la charité. Ne la faites pas sortir d’une racine aussi impure. – C’est comme si vous donniez à un arbre chargé de fruits, d’or et de diamants, non pas une racine aussi précieuse que ses fruits, mais une racine putréfiée. Oui, vous faites ici de même ; car si l’amitié s’engendrait ainsi, il n’y aurait rien de plus froid que l’amitié. Mais ces repas, ceux dont je parle, nous gagnent le cœur non pas des hommes, mais de Dieu, et, quand ils sont toujours les mêmes, c’est toujours le même ami qu’ils nous conservent. Semer son argent de côté et d’autre, c’est peut-être dépenser beaucoup, mais ce n’est rien faire qui vaille ; dépenser tout son avoir, comme je l’entends, c’est peut-être dépenser peu, mais, devant Dieu, c’est tout. Que l’on donne peu ou beaucoup, la question n’est pas là ; il s’agit de donner, selon ses moyens. Pensons à ces hommes dont l’un gagna cinq talents et l’autre deux ; pensons à la femme qui donna ses deux oboles ; pensons à la veuve du temps d’Élie. La femme aux deux oboles n’a pas dit : Qu’importe que je garde une obole, puisque j’en ai donné une ; elle a sacrifié tout son avoir. Et vous, avec toutes vos richesses, vous voilà plus parcimonieux que cette femme ! Ah ! songeons bien à notre salut et faisons l’aumône. Nous ne pouvons rien faire de mieux ; nous ne pouvons rien faire qui nous soit plus profitable. C’est ce que nous prouvera l’avenir, et déjà le présent nous le prouve. Vivons donc pour la gloire de Dieu, et faisons ce qui lui plaît, pour nous montrer dignes des biens qu’il nous a promis. Puissions-nous les obtenir par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, auquel gloire, puissance et honneur, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

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HOMÉLIE II.

C’EST POURQUOI, DEPUIS QUE NOUS AVONS SU CES CHOSES, NOUS NE CESSONS DE PRIER POUR VOUS, ET DE DEMANDER À DIEU QU’IL VOUS REMPLISSE DE LA CONNAISSANCE DE SA VOLONTÉ, EN VOUS DONNANT TOUTE LA SAGESSE ET TOUTE L’INTELLIGENCE SPIRITUELLE, AFIN QUE VOUS MARCHIEZ DANS LES VOIES DE DIEU D’UNE MANIÈRE DIGNE DE LUI, TÂCHANT DE LUI PLAIRE EN TOUT, PORTANT LES FRUITS DE TOUTES SORTES DE BONNES ŒUVRES ET CROISSANT EN LA CONNAISSANCE DE DIEU. (I, 9, 10)
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Analyse.
  1. Explication du chapitre I, versets 1 et 2. Paul commence presque toujours par louer ses auditeurs.
  2. Explication des versets 9, 10, 11 et 12. Dieu nous fait participer et nous rend dignes de participer à l’héritage des saints.
  3. Explication des versets 13, 14, 15. Dieu nous a arrachés à la tyrannie du démon. – Par une rédemption complète, le Christ nous a frayé le chemin de son royaume. – Titres du Christ.
  4. Grandeur des bienfaits de Dieu. – La vie de ce monde n’est qu’un mal. – Sources de l’incrédulité, la mollesse et la lâcheté.
  5. Le chrétien incrédule est pire et fait plus de mal que le païen.
  6. C’est pour s’étourdir lui-même, c’est pour faire taire sa conscience que l’incrédule repousse le dogme du jugement dernier et le dogme de la résurrection. Le fatalisme est une doctrine injuste, inhumaine et cruelle.

1. « C’est pourquoi », c’est-à-dire parce que nous avons connu votre foi et votre charité. Les espérances que nous avons conçues alors nous ont encouragé à demander encore à Dieu pour vous sa protection dans l’avenir. Dans les luttes on s’applique à exhorter les athlètes qui vont saisir la victoire. Ainsi fait Paul : il s’adresse à ceux qui ont le mieux