Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/129

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Ce n’est pas moi que vous méprisez, c’est le sacerdoce. Quand vous m’en verrez dépouillé, alors méprisez-moi, alors de mon côté je ne vous ordonnerai plus rien. Mais tant que nous occupons ce siège, tant que nous sommes à la tête de cette Église, nous avons l’autorité et le pouvoir, bien que nous en soyons indignes. Si le trône de Moïse était assez respectable pour faire écouter Moïse, il en est de même à plus forte raison du trône du Christ : c’est ce trône que nous avons reçu, c’est du haut de ce trône que nous vous parlons, depuis le jour ou le Christ a fait de nous son ministre de paix.

Les ambassadeurs, quels qu’ils soient, doivent à leur titre de grands honneurs. Voyez, ils pénètrent jusqu’au cœur d’un pays barbare ; les voilà seuls au milieu de tant d’ennemis ! Et pourtant, grâce à leur titre, tous ces ennemis les considèrent, tous ces ennemis les laissent partir et veillent à leur sûreté. Et nous aussi nous sommes envoyés en ambassade ; nous sommes les ambassadeurs de Dieu c’est là le titre que nous donne l’épiscopat. Nous venons donc à vous en ambassadeurs, pour vous demander la paix et pour vous en dire les conditions. Ce ne sont ni des cités, ni des mesures de froment, ni des esclaves, ni de l’or, que nous nous engageons à vous livrer. Nous vous promettons le royaume des cieux, la vie éternelle, la vue du Christ, et tant d’autres biens que nous ne pouvons énumérer, et que vous ne pouvez connaître, tant que nous sommes dans les liens du corps et de cette vie mortelle. C’est donc une ambassade dont nous nous acquittons. Et nous voulons être honorés, non pas pour nous, indignes que nous sommes, mais pour vous, pour que vous fassiez attention à nos paroles, pour qu’elles vous soient utiles, pour que nous ne trouvions pas en vous des auditeurs insensibles ou négligents. Ne voyez-vous pas comme on entoure les ambassadeurs, comme on se presse autour d’eux ? Eh bien ! Nous sommes accrédités par Dieu, pour lui servir d’ambassadeurs auprès des hommes. Si les paroles que nous sommes chargés de vous adresser vous blessent, ce n’est pas notre faute ; c’est notre épiscopat qui nous force à vous les adresser. Ce n’est pas tel ou tel homme qui vous parle ; c’est l’évêque : ne m’écoutez point ; mais écoutez l’ambassadeur de Dieu. Faisons donc tous nos efforts pour plaire à Dieu ; efforçons-nous de vivre pour sa gloire et de nous montrer dignes des biens promis à ceux qui l’aiment, par là grâce et la bonté, etc.


HOMÉLIE IV.


VOUS ÉTIEZ VOUS-MÊMES AUTREFOIS ÉLOIGNÉS DE DIEU, ET VOTRE ESPRIT, ABANDONNÉ A DES ŒUVRES CRIMINELLES, VOUS RENDAIT SES ENNEMIS. – MAIS MAINTENANT JÉSUS-CHRIST VOUS A RÉCONCILIÉS PAR LA MORT QU’IL A SOUFFERTE DANS SON CORPS MORTEL, POUR VOUS RENDRE SAINTS, PURS ET IRRÉPRÉHENSIBLES DEVANT LUI. (I, 21, 22)
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Analyse.
  1. Jésus nous a réconciliés par sa mort, pour nous rendre saints, si toutefois nous restons inébranlables dans l’espérance et dans la foi.
  2. Jésus intercède pour nous dans le ciel et continue à souffrir pour nous sur la terre, dans la personne de ses apôtres.
  3. Ne pas s’enquérir de l’année où le Christ est arrivé, mais du bien qu’il a fait.
  4. Les Juifs, sous Moïse, comparés à des enfants.Éloge de Moïse.

1. Il montre ici que le Christ a réconcilié avec Dieu ceux qui n’en étaient pas dignes. Dire qu’ils étaient en la puissance de l’esprit de ténèbres, c’est montrer toute l’étendue de leur malheur ; mais pour que l’on ne voie point dans cette puissance de l’esprit de ténèbres un joug nécessaire, saint Paul a ajouté : « Vous étiez autrefois éloignés de Dieu ». Il a l’air de dire ici la même chose ; mais il n’en est pas ainsi. Car ce n’est pas la même chose de délivrer celui qui était condamné par la nécessité à souffrir, et de délivrer l’homme qui s’était condamné à souffrir lui-même, de son plein gré. Celui-ci est digne de haine, l’autre