Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/162

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Tant il est vrai que vous devez veiller à ce que vos enfants ne se corrompent pas en fréquentant vos amis ou vos esclaves ; car nos enfants courent des dangers innombrables, quand nous les confions à des esclaves corrompus. Si, en effet, l’amour et la sagesse d’un père suffisent à peine pour les sauver, que sera-ce, si nous les confions à des esclaves n’ayant ni foi ni loi. Ces esclaves les traitent en ennemis et se figurent qu’ils trouveront en eux des maîtres complaisants, quand ils auront fait d’eux des insensés, des méchants et des vauriens. Occupons-nous donc, avant tout, de ces points importants, et occupons-nous-en avec soin. « J’ai aimé, dit le Seigneur, « ceux qui aiment ma loi ». Montrons-nous donc jaloux d’observer cette loi, et aimons ceux qui l’observent. Les enfants veulent-ils apprendre la tempérance et la modération, qu’ils écoutent ces paroles du Prophète : « Mes reins se sont remplis d’illusions » ; et celles-ci : « Tu chasseras de ta présence et tu perdras ceux qui se livrent à la fornication ». (Ps. 37,8 ; 72,27) Pour leur apprendre combien il est nécessaire de commander à sa sensualité, le psalmiste leur dira : « Et il a fait périr plusieurs d’entre eux qui avaient encore la bouche pleine ». (Ps. 77, 30-31) Il leur dira qu’il ne faut pas se laisser corrompre par les présents, en ces termes : « Quand la richesse affluerait entre vos mains, ne lui donnez pas votre cœur ». (Ps. 61,11)
Pour apprendre qu’il faut savoir maîtriser son orgueil, ils trouveront ce passage : « L’orgueil ne descendra pas avec lui sur ses pas ». (Ps. 48,18) Ils verront qu’il ne faut pas imiter les méchants : « Gardez-vous de prendre « les méchants pour modèles » (Ps. 36,1) ; qu’il faut mépriser les dignités : « J’ai été témoin de l’élévation de l’impie. Il était haut comme les cèdres du Liban ; je n’ai fait que passer, il n’était déjà plus » (Ps. 35,36) ; qu’il faut mépriser les biens de la terre : « Ils appelaient heureux le peuple qui possédait ces biens ; mais il n’y a d’heureux que le peuple qui a pour soutien le Seigneur notre Dieu ». (Ps. 143,15) « Ils verront que l’on ne pèche pas impunément, et que le pécheur reçoit son salaire. Tu rétribueras chacun selon ses œuvres ». Pourquoi la rétribution n’est-elle pas immédiate ? « C’est que Dieu, ce juge intègre, est à la fois fort et patient ». L’humilité est une vertu. « Seigneur, l’orgueil n’a pas enflé mon cœur ». (Ps. 130,1) L’orgueil est un vice. « Ils ont été jusqu’à la fin esclaves de leur vanité ». (Ps. 72,16) « Dieu résiste au superbe ». (Prov. 3,31) « Leur iniquité sortira de leur cœur gonflé d’orgueil ». (Ps. 72,7) Il est bon de faire l’aumône : « Il a dépensé ses biens, il les a donnés aux pauvres, sa justice est éternelle ». (Ps. 3,19) La pitié est chose louable : « Heureux l’homme qui a de la pitié et qui fait du bien ! » (Id. 5) On trouvera dans tes psaumes bien d’autres préceptes de morale. Il ne faut pas médire : « Je poursuivais ce détracteur qui médisait en cachette de son prochain ». (Ps. 100,5) Quant à cet hymne céleste que répètent là-haut les chérubins, il est connu des fidèles. Et les anges placés au-dessous des chérubins, que disent-ils ? Gloire à Dieu, au plus haut des cieux ! (Lc. 1,14) Donc après les psaumes viendront les hymnes qui offrent quelque chose de plus parfait. « Par des psaumes », dit l’apôtre, « par des hymnes, par des cantiques spirituels, chantant de cœur avec édification les louanges du Seigneur ». Cela veut dire que Dieu nous a dicté ces chants pour notre édification, ou que ces chants sont des cantiques d’actions de grâces, ou que nous devons nous avertir et nous instruire dans la grâce, ou que ces chants sont des dons de la grâce, ou enfin, autre explication, qu’ils ont été inspirés par la grâce de l’Esprit-Saint : « Chantant de cœur les louanges de Dieu ». Il ne faut pas se borner à chanter avec les lèvres ; il faut chanter avec le cœur.
3. C’est là ce qui s’appelle chanter pour Dieu ; autrement on chante pour lé vent qui emporte nos paroles. Ce n’est pas là, nous dit l’apôtre, une affaire d’ostentation. Même sur la place publique, vous pouvez vous tourner vers Dieu et chanter ses louanges sans qu’on vous entende. C’est ainsi que priait Moïse, et Dieu pourtant l’entendit, car voici les paroles de Dieu : « Pourquoi cries-tu vers moi ? » Pourtant Moïse ne proférait pas un seul mot ; la contrition dans le cœur, il faisait une oraison mentale ; aussi était-ce Dieu seul qui l’entendait. Rien ne nous empêche en effet de prier de cœur, en nous promenant, et d’élever notre esprit vers Dieu. « Quoi que vous lassiez », continue saint Paul, « en priant ou en agissant, faites tout au nom de Jésus-