Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/238

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qui prend les armes. Car on a beau être vigilant, tempérant ; si l’on n’est pas armé, on est bien vite à la merci des brigands. Eh bien, je vous le demande, si, quand nous devrions être et vigilants, et sobres, et armés, nous demeurons désarmés, nus, endormis, qui peut empêcher l’ennemi de nous percer de son glaive ? C’est ce besoin de nous faire comprendre la nécessité d’être en armes, qui inspire les paroles suivantes : « Mais nous, qui sommes des enfants du jour, gardons-nous de cette ivresse ; revêtons-nous de la cuirasse de la foi et de la charité, prenons le casque de l’espérance du salut (8) ».

« De la foi », dit-il, « et de la charité ». Ici l’apôtre indique la rectitude de la vie et des croyances. Voyez cette explication qu’il donne de la vigilance, de la continence ; elle consiste à prendre, dit-il, la cuirasse de la foi et de la charité. Il n’entend pas une foi vulgaire ; il veut la ferveur, la sincérité qui rend invulnérable. De même qu’il n’est pas facile de percer une cuirasse qui est comme un mur épais sur la poitrine ; de même, pour préserver votre âme, recouvrez-la de la foi et de la charité, de telle sorte qu’aucun des traits de feu du démon ne puisse pénétrer en vous. Du moment que l’énergie de l’âme a pour défense et pour arme la charité, elle peut défier toutes les attaques ; les assauts deviennent inutiles contre elle. Ni la perversité, ni la haine, ni l’envie, ni la flatterie, ni l’hypocrisie, rien ne peut atteindre une telle âme. Or, l’apôtre ne dit pas seulement qu’il faille se revêtir de charité, mais s’en faire comme une solide cuirasse. Et ensuite, il ajoute : « Le casque de l’espérance du salut ». En effet, de même que le casque garantit ce qu’il y a de plus important en nous, de même l’espérance ne laisse pas notre raison déchoir ; l’espérance la maintient droite comme la tête, et la préserve de tous les coups du dehors. Tant qu’aucune secousse ne l’ébranle, elle-même ne chancelle pas ; avec de telles armes, il est impossible de succomber. « Car », dit l’apôtre, « ces trois vertus demeurent, la foi, l’espérance, la charité ». (1Cor. 13,43) Et maintenant qu’il a dit, revêtez-vous, préparez-vous, c’est lui-même qui fournit les armes, qui montre d’où naissent la foi, et l’espérance, et la charité, d’où viennent les armes de plus en plus invincibles. « Car Dieu ne nous a pas destinés à être les objets de sa colère, mais à acquérir le salut, par Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui est mort pour nous (9, 10) ».

4. Ainsi Dieu ne nous a pas appelés pour nous perdre, mais pour nous sauver. C’est là sa volonté. Qui le prouve ? Il a livré son Fils pour nous, dit l’apôtre ; Dieu désire à tel point notre salut, qu’il a livré son Fils, et il ne l’a pas simplement livré, mais pour qu’on le mît à mort. Voilà les considérations qui enfantent l’espérance. Ne désespère donc pas, ô homme, en présence de ce Dieu qui, pour toi, n’a pas même épargné son Fils ne te laisse pas abattre dans les maux de la vie présente. Celui qui a livré son Fils unique, afin de te sauver, afin de l’affranchir de la géhenne, que pourra-t-il épargner pont assurer ton salut ? Il faut donc n’avoir que de bonnes espérances. Si nous allions, sur la terre, comparaître devant un juge que son amour pour nous aurait porté à égorger son fils, nous serions sans crainte. Ayons donc de bonnes et de grandes espérances ; nous tenons le principal, si nous avons la foi. Nous avons un exemple, une preuve : livrons-nous donc à l’amour ; ce serait le comble du délire de ne pas aimer celui qui se montre ainsi disposé pour nous.

« Afin que, soit que nous veillions, soit que nous dormions, nous vivions ensemble avec Lui. C’est pourquoi consolez-vous mutuellement, et édifiez-vous les uns les autres, comme vous le faites (11) ». Plus haut, l’apôtre a parlé de veiller, de dormir. Mais, quand il disait ne « dormons » donc point, il n’entendait point dormir de la même manière qu’ici, soit que nous dormions. Il s’agit, ici, du sommeil de la mort ; il s’agissait plus haut de l’incurie des vivants. Voici donc ce que l’apôtre veut montrer : que les dangers ne sont pas à craindre, que, même après notre mort, nous vivrons. Ne désespérez pas, ne dites pas que vous êtes en danger ; vous avez une preuve certaine, invincible ; s’il ne brûlait pas d’un amour ardent pour nous, il ne nous aurait pas donné son Fils. De telle sorte que, même après votre mort, vous vivrez ; car lui-même a subi la mort. Donc soit que nous mourions, soit que nous vivions, nous vivrons avec lui. Il m’est égal de mourir ou de vivre ; il n’y a rien là dont je me soucie, peu m’importe que je vive, que je meure, car, avec lui, nous vivrons.

Donc que toutes nos actions soient faites en considération de cette vie, ayons toujours les