Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/27

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péril. Car de ce premier danger, il avait écrit : « Dans mon premier procès, personne ne m’assista. Que Dieu le pardonne à tous ! Le Seigneur seul fut avec moi et me donna la force ». Il se la promet encore et la prophétise : « Grâce à votre prière et avec l’aide de l’Esprit de Jésus-Christ », dit-il, « selon mon attente aussi et mon espérance ». Car de mon côté, j’espère. En effet, notre confiance aux prières que l’on fait pour nous ne doit pas être tellement exclusive et entière, que nous n’apportions aussi notre part d’action ; et vous voyez ce qu’il apporte, il vous l’explique : l’espérance ! cette source ineffable de tous les biens, selon la parole du prophète : « Que votre miséricorde se répande sur nous, Seigneur, dans la mesure de notre espérance en vous ! » et un autre écrivain sacré dit : « Consultez les générations passées : qui jamais espéra au Seigneur et fut confondu ? » Ailleurs aussi notre saint s’écrie : « L’espérance n’est jamais confondue ».
« Selon l’attente et l’espérance où je suis que je ne recevrai pas la confusion d’être trompé en rien de ce que j’attends ». Telle est l’espérance de Paul ; il compte bien n’être jamais confondu. Voyez combien est puissante l’espérance en Dieu ! Quoi qu’il arrive, dit-il, je ne serai pas confondu ; jamais ils ne pourront me vaincre.
« Mais en toute confiance, comme toujours il a été, ainsi maintenant même, Jésus-Christ sera glorifié dans mon corps ». Ils croyaient eux, par leurs pièges habiles, enlacer Paul, en quelque sorte, le faire un jour disparaître de ce monde, étouffer enfin sa prédication sous le poids de leurs machinations victorieuses. Paul répond : Non, vous n’aboutirez pas ! Je ne mourrai pas encore aujourd’hui ! mais « comme toujours, aujourd’hui même, Jésus-Christ sera glorifié dans mon corps ». Et comment ? C’est que déjà des périls m’ont environné, et si grands, que tout le monde, et que moi-même avec tous les autres, j’avais cessé d’espérer. « Nous-mêmes », c’est son mot, « n’entendions plus en nous qu’une réponse de mort » (2Cor. 1, 9), et cependant Dieu nous a sauvé de tout danger ; ainsi sera-t-il encore glorifié dans mon corps. – Et pour empêcher qu’on ne dise ou qu’on ne pense ainsi : Quoi ! et si vous mourez, Dieu ne sera pas glorifié ! – Je vous comprends, semble dire l’apôtre ; aussi n’ai-je pas dit que ma vie seulement glorifiera Dieu, j’ai ajouté : Et ma mort même ! Mais, en attendant, ce sera par ma vie ; ils ne pourront me tuer ! et, le feraient-ils, qu’ainsi encore Jésus-Christ serait glorifié ! Comment donc ? Par ma vie, car il m’aura sauvé ; et par ma mort, parce que la mort même ne pourrait me décider à le renier. C’est lui qui m’a donné ce courage si grand, et qui m’a fait plus fort que la mort, une première fois en me sauvant des périls, et maintenant même, parce qu’il permet que la tyrannie de la mort ne m’inspire aucune crainte. Ainsi sera-t-il glorifié et par ma vie et par ma mort. – Il le dit, non qu’il doive bientôt la subir, mais pour prévenir chez les Philippiens toute douleur humaine, en cas que la mort lui arrive. S’ils avaient pu croire qu’il parlât ainsi en vue de sa fin prochaine, grand aurait été leur deuil par avance : mais voyez comment il les console et quelles douces paroles il leur prodigue. – Et si je parle ainsi, ce n’est pas que je doive bientôt mourir ; au contraire, poursuit-il : « Je sais une chose et j’en suis sûr : je demeurerai, je ferai même séjour chez vous ».
2. Cette autre affirmation : « Je ne serai en rien confondu », répond à celle-ci : La mort ne m’apportera aucun déshonneur, mais plutôt un gain immense. En quel sens ? C’est que, sans être immortel, je serai plus glorieux encore que si l’immortalité était mon partage. La gloire n’est pas égale à mépriser la mort quand on est immortel, ou quand, au contraire, on est soumis au trépas. Aussi, dussé-je mourir à l’instant, il n’y aurait pour moi aucun déshonneur ; cependant je ne mourrai pas encore ; d’ailleurs, « je ne serai confondu en aucun cas », que je vive ou que je meure : vie ou mort je subirai l’une ou l’autre avec courage. Admirable sentiment, vraiment digne d’une âme chrétienne ! Il y a plus : « En toute confiance ». Vous voyez que rien ne peut me confondre. Car si la peur de mourir m’avait ravi cette confiance, je mourrais avec honte ; mais maintenant que je ne crains pas même son glaive suspendu, qu’elle frappe ! Je ne puis être déshonoré ! Car si je vis, je n’aurai pas à rougir de ma vie, qui sera la prédication continuée du saint Évangile ; si je meurs, la mort ne peut me confondre, puisque ses terreurs ne m’arrêtent nullement, et que je lui oppose une confiance