Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/295

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Car vous ne le faites pas pour le Seigneur, mais pour votre renommée. Quelqu’un vous a-t-il fait tort ? Faites-lui du bien ; car si vous rendez service à ceux qui vous en rendent, vous n’avez rien fait de grand. Avez-vous subi une grande injustice, une grande offense ? Efforcez-vous de rendre le bien pour le mal. Oui, je vous en conjure, agissons ainsi de notre côté ; cessons d’offenser et de haïr nos ennemis. Dieu nous ordonne d’aimer nos ennemis, et nous persécutons le Dieu d’amour. Qu’il n’en soit point ainsi. Nous en convenons tous de bouche, mais non tous par nos actions. Telles sont les ténèbres du péché, que ce que nous n’oserions dire, nous l’osons faire. Tirons notre salut de ceux qui nous font tort et outrage, afin d’obtenir ce qui appartient aux amis de Dieu. « Je veux », dit Jésus, « que là où je suis, là soient aussi mes disciples, afin qu’ils voient ma gloire » (Jn. 17,24) ; gloire à laquelle je souhaite que nous arrivions tous en Jésus-Christ Notre-Seigneur, avec qui soit au Père et au Saint-Esprit, gloire, à présent et toujours, et aux siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE IV.


LA PAROLE EST FIDÈLE ET DIGNE D’ÊTRE REÇUE : LE CHRIST JÉSUS EST VENU DANS LE MONDE POUR SAUVER LES PÉCHEURS, ENTRE LESQUELS JE SUIS LE PREMIER. MAIS J’AI OBTENU MISÉRICORDE, POUR QU’EN MOI TOUT LE PREMIER JÉSUS-CHRIST FIT VOIR TOUTE SA PATIENCE, AFIN QUE JE SERVISSE D’EXEMPLE A CEUX QUI CROIRONT EN LUI POUR LA VIE ÉTERNELLE. (I, 15-16 JUSQU’À 17)

Analyse.

  • 1. La justice légale n’est rien.
  • 2. Humilité de saint Paul.
  • 3. Comment nous pouvons glorifier Dieu.


1. Les bienfaits de Dieu sont si grands et dépassent de si loin toute attente et toute espérance humaine, qu’ils trouvent souvent des incrédules. Il nous a en effet accordé ce que jamais n’eût attendu ni pensé l’esprit d’un homme, en sorte que les apôtres ont eu grand peine à établir la foi aux dons de Dieu. Car, de même qu’éprouvant quelque grand bonheur, on se dit : N’est-ce pas un songe ? exprimant ainsi qu’on se défie de sa réalité ; de même en est-il des dons de Dieu. Et quel est ce don auquel on ne croit pas ? On se demande si les ennemis de Dieu, les pécheurs, ceux qui n’étaient justifiés ni dans la loi ni par les œuvres, obtiendront réellement tout à coup et par la seule foi, la justification qui est le premier des biens. L’apôtre s’étend sur ce chapitre dans l’épître aux Romains, et il s’y étend ici encore. « La parole est fidèle », dit-il, « et digne d’être reçue : le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, entre lesquels je suis le premier ». Car, comme c’était là surtout la doctrine que les juifs avaient peine à suivre, il leur persuade de ne pas s’attacher à la loi, car par elle et sans la foi l’on ne peut être sauvé. Il combat donc sur ce point. Il pensait qu’on jugerait incroyable qu’un homme qui aurait étourdiment dissipé toute sa vie antérieure, et l’aurait salement employée à de mauvaises actions, dût être ensuite sauvé par la seule foi. C’est pour cela qu’il dit : La parole est fidèle. Mais quelques-uns ne se bornaient pas à n’y pas croire, ils s’en faisaient les calomniateurs, comme on le fait maintenant encore, lorsque l’on dit : « Faisons le mal, afin que le bien arrive ». (Rom. 3,8) L’apôtre a dit : « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé ». (Id. 5,20) Mais pourquoi disent-ils : « Faisons le mal afin que le bien arrive ? ». Ce sont surtout les gentils qui le disent, tournant en dérision notre doctrine. Lors donc que nous leur parlons de l’enfer ; comment, disent-ils, ce dogme est-il digne de Dieu ? Si un homme trouve son serviteur coupable de plusieurs fautes, il lui fait grâce et le croit digne de pardon, et Dieu punirait de peines éternelles ? Puis, quand nous leur parlons du