Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/364

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sait gré. Faire l’aumône, c’est prêter à intérêt. Faites ainsi, je vous y exhorte. Il nie suffit, pas de tendre ses mains pour être exaucé. Tendez vos mains, mais vers : les mains de vos frères plutôt encore que vers le ciel. En tendant votre main vers les mains des, pauvres, vous atteignez au plus haut du ciel : Car c’est celui qui trôné là-haut qui reçoit l’aumône. Tendre ses mains vides, c’est les tendre inutilement. Dites-moi, si le roi s’approchant de vous revêtu de la pourpre, vous demandait quelque chose, ne lui donneriez-vous pas aussitôt tout ce que vous possédez ? Maintenant ce n’est pas un roi de la terre, mais le roi du ciel qui vous implore par la voix des pauvres, et vous l’accueillez par le dédain, et tout au moins vous hésitez à donner ! Quel châtiment ne méritez-vous pas ? Il ne dépend pas de l’élévation de nos mains ni de la multitude de nos paroles que nous soyons exaucés, mais de nos bonnes œuvres. Écoutez, le Prophète vous dire : « Lorsque vous élèverez vos mains, je détournerai de vous mes yeux, et si vous multipliez vos prières, je ne vous écouterai point ». (Isa. 1,15) Au lieu de se taire et de ne pas même oser regarder le ciel, le pécheur parle souvent avec beaucoup de confiance et longuement. « Mais » dit Dieu par le même prophète, « jugez en faveur de l’orphelin et de l’opprimé, faites justice à la veuve, et apprenez à faire le bien ». C’est ainsi que nous pourrons être exaucés sans avoir même besoin d’élever nos mains, de rien dire, de rien demander. Efforçons-nous donc d’agir ainsi, afin que nous obtenions les biens qui nous sont promis. Ainsi soit-il.




HOMÉLIE II.


NE ROUGISSEZ DONC POINT DE NOTRE-SEIGNEUR QUE VOUS DEVEZ CONFESSER, NI DE MOI QUI SUIS SON CAPTIF. MAIS SOUFFREZ AVEC MOI POUR L’ÉVANGILE SELON LA FORCE DE DIEU QUI NOUS A SAUVÉS ET NOUS A APPELÉS PAR SA VOCATION SAINTE, NON SELON NOS ŒUVRES, MAIS SELON SA VOLONTÉ ET SELON LA GRACE, QUI NOUS A ÉTÉ DONNÉE EN JÉSUS-CHRIST AVANT TOUS LES SIÈCLES ; ET QUI A PARU MAINTENANT PAR L’AVÈNEMENT DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST. (I, 8-10 JUSQU’À 13.)



Analyse.
  1. Ne pas rougir de la croix, de notre Sauveur, ni des liens de saint Paul captif pour Jésus-Christ.
  2. De l’obéissance due aux pasteurs des âmes.
  3. S’examiner soi-même et non les autres.
  4. La dignité du sacrifice Eucharistique ne dépend pas de l’homme qui l’offre. – Jésus-Christ est vraiment dans l’Eucharistie.

1. Rien n’est pire que de prendre les raisonnements humains pour règle et pour mesure des choses divines. Quiconque le fera tombera nécessairement du rocher de la foi et sera privé de la lumière. Si les yeux de notre corps ne peuvent supporter les rayons du soleil, s’il est vrai qu’il y aurait péril pour nous à vouloir fixer nos regards sur cet astre ; combien plus celui, qui voudrait fixer le faible regard de sa raison sur la lumière éternelle n’en serait-il pas ébloui, sans compter qu’il outragerait le don de Dieu ? Voyez Marcion, Manès et Valentin et, tous ceux qui ont introduit des hérésies et des doctrines de mort dans l’Église de Dieu ; c’est pour avoir voulu mesurer les choses de Dieu à la règle des raisonnements humains qu’ils ont tous eu honte de confesser le mystère de l’Incarnation et de la Rédemption. Cependant rien n’est plus glorieux que la croix de Jésus-Christ, bien loin qu’on doive en rougir. La croix est la plus grande marque d’amour que Dieu ait donnée aux hommes, et il nous a moins bien témoigné combien il nous aime, en créant le ciel et la terre. Et en nous tirant nous-mêmes du néant, qu’en souffrant le supplice de la croix. Aussi saint Paul se glorifie, dans la croix et dit : « À Dieu ne plaise que je me glorifie, sinon dans la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ ». (Gal. 6,14) Mais l’homme animal, au contraire, celui qui juge de Dieu par l’homme, se scandalise et rougit.

Voilà pourquoi saint Paul prescrit à son disciple et par lui à tous les fidèles de ne pas rougir du témoignage de Notre-Seigneur ;