Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/401

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foi en eux, mais parce que je veux les éprouver. – Vouloir les éprouver, c’est n’être pas encore pleinement convaincu qu’ils mentent, c’est encore en douter. Quand même ils vous diraient : Voici ce qui arrivera, mais faites ceci et vous éviterez le mal qui vous menace, ce ne serait pas une raison pour vous livrer à l’idolâtrie. Mais leur effronterie ne va pas jusque-là. Si leur prédiction se trouve par hasard exacte, qu’y gagnez-vous, sinon une tristesse inutile ? Si la prédiction est fausse, et que l’événement ne la justifie pas, cela n’empêche pas le chagrin de vous consumer pour rien.

S’il vous était expédient de connaître l’avenir, Dieu ne nous eût pas envié cet avantage, il ne nous eût pas privés par jalousie, lui qui nous a dévoilé les secrets du ciel. « Je vous ai fait savoir », dit-il, « tout ce que j’ai appris de mon Père ; je vous ai annoncé tout ce que mon Père m’a dit, c’est pourquoi je ne vous appelle pas serviteurs, mais je vous appelle mes amis ». (Jn. 15,15) Pourquoi donc ne nous a-t-il pas fait connaître ces choses, sinon parce qu’il veut que nous n’en tenions aucun compte ? Ce qui montre que ce n’est point par envie qu’il nous refuse ces sortes de connaissances, c’est qu’il les communiquait aux anciens, et qu’il faisait par exemple retrouver des ânesses perdues. Il agissait ainsi alors parce qu’il avait affaire à un peuple enfant : pour nous, il veut que nous méprisions ces misères, et il a dédaigné de nous les faire savoir. Que nous apprend-il en échange ? Des vérités que les juifs n’ont pas eu le bonheur d’apprendre. Ces divinations étaient peu de chose. Mais nous, voici ce que nous apprenons : Que nous ressusciterons ; que nous sommes immortels, incorruptibles, qu’une vie sans fin nous est réservée ; que la figure de ce monde passera ; que nous serons ravis dans les nues du ciel ; que les méchants subiront leur juste châtiment, et mille autres choses importantes, qui sont autant de vérités certaines. N’est-il pas plus important de savoir ces choses que de savoir où l’on retrouvera une ânesse perdue ? Voilà que vous avez recouvré votre ânesse ; vous l’avez retrouvée, quel avantage est-ce pour vous ? Ne la perdrez-vous pas de nouveau d’une autre manière ? Si elle ne vous quitte plus, vous la quitterez, vous, à la mort. Quant aux vérités que je vous ai dites, si vous voulez vous en mettre en possession, vous en jouirez éternellement. Voilà ce qu’il nous faut rechercher, les biens qui sont stables, les biens qui sont sûrs. Méprisons les devins, les sorciers, les imposteurs de toute espèce, n’écoutons que Dieu qui sait tout avec certitude, qui possède la pleine connaissance de toutes choses. C’est ainsi que nous saurons tout ce qu’il faut savoir, et que nous obtiendrons tous les biens. Ainsi soit-il.




HOMÉLIE IX.

TOUTE ÉCRITURE QUI EST INSPIRÉE DE DIEU, EST UTILE POUR INSTRUIRE, POUR REPRENDRE, POUR CORRIGER ET POUR CONDUIRE À LA JUSTICE ; AFIN QUE L’HOMME DE DIEU SOIT PARFAIT ET DISPOSÉ À TOUTES SORTES DE BONNES ŒUVRES. (III, 16, 17 JUSQU’À IV, 7)



Analyse.
  1. Utilité des Écritures inspirées. – Un pasteur doit prêcher sans relâche.
  2. Saint Paul devant bientôt mourir se rend à lui-même le témoignage d’avoir bien rempli sa mission.
  3. Comment on témoigne que l’on aime l’avènement de Jésus-Christ. – Ce que c’est que cet avènement. – Pour posséder Jésus-Christ, il faut être dégagé des choses de la terre. – Il faut souffrir patiemment les maux qui nous arrivent.

1. Après que saint Paul a exhorté et consolé Timothée de toutes manières, il lui donne maintenant la consolation la plus solide et la plus parfaite de toutes, celle de la sainte Écriture. Ce n’est pas sans raison qu’il use de cette puissante consolation, car il va dire quelque chose de grave et de pénible. Si Élisée qui demeura auprès de son maître jusqu’au dernier instant, et qui se le vit enlever par une fin miraculeuse, éprouva cependant tant de douleur qu’il déchira ses vêtements, que pensez-vous que dût éprouver Timothée qui aimait tant son maître et qui en était tant aimé, lorsqu’il apprit que ce maître allait bientôt