Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/415

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il y avait bien une connaissance, il y avait bien une piété, seulement elle ne consistait pas dans la vérité, encore moins dans le mensonge, mais dans les images et dans les figures. Il dit très bien : « Sous l’espérance de la vie éternelle », parce que l’autre connaissance était pour l’espérance de la vie présente. « Car l’homme qui fera ces choses vivra par elles ». (Rom. 10,5) Voyez-vous comme dès le début il donne la mesure de la grâce ? Ceux-là ne sont pas les élus, c’est nous qui le sommes ; et bien qu’autrefois ils aient été appelés les élus, ils ne le sont plus.
« Que Dieu qui ne peut mentir avait promise avant tous les temps », c’est-à-dire, Dieu ne l’a point promise en changeant sa première pensée, mais il a fait cette promesse dès le principe. C’est ce que l’apôtre a exprimé en beaucoup de passages, comme lorsqu’il dit : « J’ai été mis à part pour annoncer l’Évangile « de Dieu », et ailleurs : « Et ceux qu’il a appelés et ceux qu’il a prédestinés » ; il montre par là notre dignité, puisque ce n’est pas d’aujourd’hui que Dieu nous aime, mais qu’il nous a aimés auparavant, et il ne faut pas compter pour peu qu’il nous ait aimés auparavant et dès le principe.
2. « Que Dieu, qui ne peut pas mentir, nous avait promise ». S’il ne peut pas mentir, tout ce qu’il a promis s’accomplira ; s’il ne peut, pas mentir, il ne faut pas douter de sa parole, quand même l’accomplissement n’en aurait lieu qu’après notre mort. « Que Dieu, qui ne peut pas mentir, nous avait promise avant les temps éternels ». Par cela même qu’il dit : « Avant tous les temps », il montre que cette promesse mérite notre foi. Ce n’est point parce que les juifs ne sont pas venus à la foi, dit-il, qu’il en est ainsi, mais c’est ce qui a été figuré dès le principe. Écoutez, en effet, ses propres paroles : « Il l’a manifestée dans son temps propre ». Pourquoi ce retard ? Par une raison providentielle et, pour que toutes choses se fissent au moment convenable. « Il « est temps », dit le Prophète, « que l’Éternel opère ». (Ps. 118,126) Par ces mots : « Dans son temps propre », il faut entendre dans le temps qui convenait, dans le temps qu’il fallait, dans le temps favorable. « Il a manifesté en son temps propre sa parole dans la prédication qui m’est commise ». Par là il entend la prédication : car l’Évangile contient toutes choses, les promesses pour le présent et pour l’éternité, la vie, la piété, la foi, tout en un mot. « Dans la prédication », c’est-à-dire ouvertement, avec franchise, car c’est le sens de ces mots : « Dans la prédication ». De même que le héraut élève la voix dans le théâtre en présence de toute l’assistance, de même nous aussi nous prêchons sans rien ajouter du nôtre ; nous ne faisons que répéter ce que nous avons entendu. Car la vertu du héraut consiste à dire à tout le monde comment les choses se sont passées, sans rien retrancher ni ajouter.
Si donc il faut prêcher, il faut le faire avec franchise, autrement serait-ce encore prêcher ? C’est pourquoi le Christ ne dit pas : Parlez sur les toits, mais : « Prêchez sur les toits ». (Mt. 10,27) Il montre où et comment il faut prêcher. « Qui m’a été commise par le commandement de Dieu notre Sauveur ». Ces mots : « Qui m’a été commise », ces autres mots : « Par le commandement », montrent que la prédication est digne de foi ; que personne donc ne l’entende d’une manière indigne, ni avec dégoût, ni avec impatience. Mais s’il y a commandement, je ne suis pas maître : c’est un ordre que j’exécute. Parmi nos actions, les unes nous appartiennent, les autres, non. Pour ce que Dieu ordonne de dire, nous ne sommes pas maîtres ; mais pour ce qu’il permet, nous sommes libres dans notre parole. Par exemple : « Celui qui dira à son frère, Raca, sera punissable par le conseil », c’est là un commandement ; ou bien : « Si tu apportes ton offrande à l’autel, et que là il te souvienne que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier avec ton frère, puis viens et offre ton offrande ». (Mt. 5,22-24). C’est encore là un commandement, un ordre, et si quelqu’un ne s’y conforme pas, il y a nécessité qu’il subisse le, châtiment. Mais lorsque Jésus-Christ dit : « Si tu veux être parfait, vends ce que tu possèdes », ou bien : « Que celui qui peut comprendre ceci, le comprenne ».(Mt. 19,11-12). Ce n’est pas un commandement, car il laisse l’auditeur libre d’écouter ses paroles, il lui donne à choisir ce qu’il doit faire ou ne pas faire, cela reste en notre pouvoir. Il n’en est pas de même pour les commandements, il faut de toute nécessité les remplir, sous peine d’être, puni. C’est ce que saint Paul dit lui-même par ces paroles : « La nécessité m’en est imposée, et malheur à moi si je n’évangélise pas ». (1Cor. 9,16) Pour moi, je le dirai