Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/426

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selon la diversité des circonstances. Nulle part en cet endroit il ne se – sert de douces exhortations. Car si en adressant de durs reproches à un homme d’un caractère tendre et noble, on le déchire, on le perd, en flattant celui quia besoin d’être repris avec véhémence, on le corrompt, on l’empêche de se relever. « Afin », dit saint Paul, « qu’ils soient sains dans la foi ». Être sain, c’est n’avoir aucun élément impur, aucun élément étranger à notre nature. Que si ceux mêmes qui observent les prescriptions judaïques touchant les viandes, ne sont pas sains dans la foi, mais s’ils sont faibles et malades, « quant à celui qui est faible en la foi, « recevez-le et n’ayez point avec lui de contestations ni de disputes » (Rom. 14,1), que dira-t-on de ceux qui jeûnent avec les juifs, de ceux qui observent le sabbat, de ceux qui vont dans les lieux consacrés par les païens, qui se rendent à Daphné dans la caverne de la Matrone ; ou en Cilicie dans le sanctuaire dédié à Saturne ? Comment ceux-là seraient-ils sains dans la foi'? C’est pour cela qu’il faut leur porter des coups sensibles. Pourquoi l’apôtre n’a-t-il pas la même conduite avec les Romains ? C’est qu’ils n’avaient pas les mêmes mœurs et qu’ils avaient une meilleure nature.
« Et qu’ils ne s’arrêtent pas aux fables judaïques ». C’est que ces fables sont doublement des fables, et parce qu’elles sont fausses, et parce qu’elles sont sans à propos ; ainsi ce sont de pures fables. Il ne faut pas s’y adonner, et si l’on s’y adonne, c’est se nuire à soi-même. Ce sont donc des fables et des fables inutiles. C’est pourquoi il ne faut pas plus s’adonner aux unes qu’aux autres, car on ne serait plus sain selon la « foi. Si l’on croit à la foi, pourquoi ferait-on appel à autre chose, comme si la foi ne suffisait pas ? Pourquoi s’asservirait-on, se soumettrait-on à la loi ? N’aurait-on pas confiance en la foi ? Cela est d’un esprit malade et incrédule ; car, lorsqu’on est ferme dans la foi, on ne doute pas ; or, agir ainsi, c’est douter. « Toutes choses sont pures pour ceux qui sont purs ». Voyez-vous où tendent ces paroles ? « Mais rien n’est pur pour les impurs et les infidèles ».
3. Les choses pures ou impures ne sont donc pas telles par elles-mêmes, et-les le sont par l’intention de ceux qui les font. « Mais leur entendement et leur conscience sont souillés. Ils font profession de connaître Dieu, mais ils le nient par leurs œuvres, car ils sont abominables, rebelles, et réprouvés pour toute bonne œuvre ». Ainsi le porc lui-même est pur ; pourquoi donc est-il défendu d’en manger, comme si c’était un animal, impur ? Ce n’est point par sa propre nature qu’il est impur, car toutes choses sont pures. Rien n’est plus impur que le poisson qui se nourrit des corps des hommes, et cependant il est permis d’en manger, il a paru pur. Rien n’est plus impur qu’une poule, puisqu’elle avale des vers ; rien n’est plus impur qu’un cerf, car le nom qu’on lui a donné en Grèce vient de ce qu’il dévore des serpents ; et cependant il est permis d’en manger. Pourquoi donc défend-on de manger du porc et de certains autres animaux ? Ce n’est pas qu’ils soient impurs, mais Dieu a voulu : nous priver d’une grande partie des plaisirs du ventre. S’il avait donné cette raison il n’aurait pas persuadé, tandis que les regardant comme impurs, nous avons peur d’en goûter. Qu’y a-t-il, je vous prie, de plus impur que le vin, si vous y faites bien attention ? Qu’y a-t-il dé plus impur que l’eau ? Cependant c’est surtout l’eau qui servait à purifier. Il était défendu de toucher un cadavre, et c’était par des cadavres qu’on se purifiait, car les victimes qu’on immolait étaient des cadavres, et c’est en sacrifiant des victimes qu’on se délivrait de ses fautes. N’étaient-ce pas là des prescriptions puériles ? Prêtez-moi votre attention : le vin rie vient-il pas du fumier ? En effet, si la vigne pompe l’humidité qui est dans la terre, elle boit en même temps la graisse du fumier qui la couvre. Enfin, si nous voulons y regarder attentivement, tout est impur. Mais si nous y faisons également attention, bien loin qu’il y ait rien d’impur, tout est pur ; Dieu, en effet, n’a rien créé d’impur, et il n’y a d’impur que le péché, car il touche l’âme et la souille. C’est là, du reste, un préjugé ; « mais rien n’est pur », dit l’apôtre, « pour les impurs et les infidèles, car leur entendement et leur conscience sont souillés ».
Comment, en effet, trouverait-on quelque chose d’impur dans ce qui est pur ? Mais celui dont l’âme est malade souille tout. Si donc on s’arrête à ce scrupule de vouloir discerner quelles sont les choses pures, et quelles les impures, on ne trouvera rien de pur. Pour ces