Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/473

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droits, mais Dieu l’a maintenue et il a frappé les pécheurs, lors même que toutes les fautes n’avaient pas paru au grand jour, bien que les lois établies n’eussent pas été enfreintes.
« Comment donc, nous autres échapperons-nous, si nous négligeons un tel moyen de salut ? » Il montre par là que la loi n’était pas un grand moyen de salut. Il a raison de dire « un tel moyen ». Ce n’est pas des guerres, dit-il, qu’il nous sauvera ; ce n’est passa terre, ce ne sont pas les biens terrestres qu’il nous donnera ; mais c’est la délivrance de – la mort, c’est l’anéantissement du démon, c’est le royaume des cieux, c’est la vie éternelle qu’il nous apporte. Voilà tout ce qui est renfermé dans ce mot : « Un tel salut ». Et pour montrer qu’il est digne de foi, il ajoute : « Qui ayant été premièrement annoncé par le Seigneur même » ; c’est-à-dire que c’est la source de ce salut qui nous l’annonce. Ce n’est pas un homme qui est venu l’annoncer à la terre, ce n’est pas une puissance créée, mais c’est le Fils unique de Dieu lui-même : « La nouvelle nous a été confirmée par ceux qui l’ont entendue ». Que veut dire : « A été confirmée ? » Cela veut-il dire rendue croyable ou répandue ? Nous avons un gage de sa vérité, dit-il : c’est que la bonne nouvelle ne s’est pas évanouie, n’a pas eu de fin, elle règne et triomphe, grâce à là vertu divine, à laquelle nous la devons. Que signifient ces mots : « Par ceux qui l’ont entendue ? Ils veulent dire que ceux qui l’ont recueillie de la bouche du Seigneur nous l’ont confirmée. Voilà qui est grave et bien digne de foi. C’est ce que dit saint Lc. au commencement de son Évangile : « Ainsi que nous l’ont transmise, dès l’origine, des témoins oculaires et des ministres de la parole divine ». (Lc. 1,2) Comment donc s’est-elle confirmée ? Mais, pourrait-on dire ; si elle a été inventée par ceux-là même qui l’ont entendue ? C’est pour prévenir une pareille : objection, c’est, pour montrer que l’homme n’est là pour rien, que saint Paul a ajouté : « Dieu même leur a rendu témoignage ». Dieu ne leur aurait pas rendu témoignage, s’ils l’avaient inventée. Or à leur témoignage est venu se joindre celui de Dieu, qui se manifeste non par ses paroles, non par sa voix qui serait pourtant un témoignage irrécusable, mais par des signés miraculeux, par des prodiges, par les différents, effets de sa puissance. Il a raison de dire, « parles différents effets de sa puissance », pour désigner le grand nombre des grâces. Rien de pareil en effet n’a eu lieu dans les premiers temps ; il n’y a eu, ni autant de signes, ni des signes si différents ; ce qui revient à dire que nous n’avons pas cru les témoins témérairement et à la, légère, et que notre foi s’est appuyée sur dés signes et sur des prodiges. Ce ne sont donc pas les hommes, c’est Dieu lui-même que nous avons cru. « Et par la distribution des grâces du Saint-Esprit qu’il a réparties comme il lui a plu ». Les magiciens aussi font des prodiges, et les juifs disaient que, c’était au nom de Belzébuth que le Christ chassait les démons. Mais leurs prodiges ne ressemblent point à ceux que Dieu opère. Voilà pourquoi il est dit ici : « Par les a différents effets de sa puissance ». Car les prodiges des Magiciens n’annoncent point la force et la puissance. Tout – cela n’est que faiblesse, chimères, imaginations et futilités. Voilà pourquoi il est dit ici : « Par la distribution des grâces du Saint-Esprit, qu’il a réparties comme il a voulu ».
5. Ici Paul me semble encore faire allusion à une autre circonstance. Probablement, dans l’assemblée à laquelle il s’adresse, il n’y avait pas beaucoup de gens qui fussent pourvus des grâces divines ; ces dons étaient devenus plus rares, parce que les hommes étaient devenus plus négligents. Voilà pourquoi, afin de les consoler et pour ras pas les laisser tomber dans le découragement, il a attribué toutes ces grâces à la volonté divine. Il sait, dit-il, quel est l’avantage de chacun, et c’est là-dessus qu’il se fonde pour distribuer ses grâces : C’est ce qu’il dit encore dans l’épître aux Corinthiens. « Le Seigneur a donné à chacun la place qu’il a voulue ». Et ailleurs : « Les dons du Saint-Esprit qui se manifestent au-dehors ont été donnés à chacun pour l’utilité de l’Église ». (1Cor. 12,18, 7) Il montre par là que les grâces sont réparties, suivant la volonté du Père. Souvent, à cause de leur vie impure et de leur paresse, bien des gens n’ont eu aucune part aux grâces du Seigneur. Ils ont été quelquefois assez mal partagés, malgré leur existence honorable et pure, Pourquoi cela ? c’est pour qu’ils ne lèvent point une tête orgueilleuse, c’est pour qu’ils ne s’enflent point,-pour qu’ils ne tombent point dans la négligence ou dans la présomption. Car si, même sans la grâce, la conscience que l’on a de la pureté de sa vie, suffit pour donner de l’orgueil, il en est ainsi à plus, forte raison, quand le don des grâces vient s’y joindre. C’est pourquoi ce don est le privilège des humbles et des simples, et surtout dés simples. « Avec joie », dit-il, « et simplicité de cœur ». (Act. 2,46) Voilà surtout comme il s’y prend pour les exhorter et pour stimuler leur lenteur. Celui qui est humble en effet, celui qui n’a pas de lui-même une haute idée, redouble de zèle ; quand il reçoit le don dés grâces ; il croit avoir reçu plus qu’il ne méritait ; il se regarde comme indigne 'd’un pareil don. Mais l’homme qui a conscience de son mérite, accepte ce don comme s’il lui était dû ; et s’enorgueillit. Dieu a donc consulté l’intérêt de l’Église pour dispenser ces grâces. Aussi, voyons-nous, dans l’Église, le don de l’enseignement accordé à celui-ci, tandis que celui-là ne peut pas même ouvrir la bouche. Il ne faut pas se chagriner pour cela. « Car les dons de l’Esprit, qui se manifestent au-dehors, ont été donnés à chacun, pour l’avantage de l’Église ». Si un maître de maison sait à quoi il peut employer chacun de ses serviteurs, à plus forte raison il doit en être ainsi dé Dieu qui connaît l’esprit des hommes, et qui sait tout avant qu’ils ne soient nés. Une seule chose doit nous affliger, c’est le péché.
Ne dites pas. Pourquoi n’ai-je pas de fortune ? si j’en avais, j’en ferais part aux pauvres. Peut-être, si vous en aviez, seriez-vous plus ambitieux. Vous parlez ainsi maintenant, mais, si vous étiez mis à l’épreuve, vous seriez un autre homme. Sommes-nous rassasiés, il nous semble que nous