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HOMÉLIE XV.


CETTE PREMIÈRE ALLIANCE A EU DES LOIS ET DES RÈGLEMENTS TOUCHANT LE CULTE DE DIEU, ET UN SANCTUAIRE TERRESTRE. (IX, JUSQU’A 15)

Analyse.

  • 1 et 2. Rappel, en quelques mots, des rites anciens : le tabernacle, l’arche et toua les objets qu’on y gardait, accusaient les Juifs. – Sacrifice unique et sanglant par le seul grand prêtre, et son entrée alors, une fois par an, dans le Saint des Saints image du sacrifice unique et sanglant de Jésus-Christ, et de son entrée définitive au ciel.
  • 3 et 4. Mal du péché en général ; il le compare au cadavre empesté. – Mal de l’avarice, qui se place au-dessous de la prostitution même : détails navrants. – Mal du rire insensé, qui va se moquer de cette doctrine. – Jésus-Christ n’a jamais ri. – Mal spécial du rire dans l’église. – Objurgation spéciale aux femmes.


1. Il a montré par le prêtre, par le sacerdoce, par l’alliance même la fin certaine de celle-ci ; il va la prouver enfin par la figure du tabernacle lui-même. Comment ? en y distinguant le Saint, et le Saint des Saints. Le Saint contenait les symboles et les signes de la période précédente, puisque tout s’y faisait par divers sacrifices. Le Saint des Saints, au contraire, appartient à notre époque. D’après saint Paul, le Saint des Saints marque à la fois le ciel, le voile du ciel, la chair du Christ qui entre par-delà ce voile, du Christ qui pénètre là par le voile de sa chair. Mais il est à propos de reprendre ce sujet de plus haut. Que dit-il donc ?
« La première eut aussi… » Qu’est-ce à dire, la première ? La première alliance. « Ses règlements « de culte ». Règlements, qu’est-ce ? Des symboles ou des rites ; comme s’il disait : Elle les a eus autrefois, elle ne les a plus. Il montre que déjà une alliance a supplanté l’autre : elle eut alors, dit-il. Aussi maintenant, quoique debout encore, elle n’est plus ; elle eut aussi « un sanctuaire du siècle », c’est-à-dire, séculier, mondain, parce que tous les hommes pouvaient y pénétrer ; il y avait un lieu ouvert et commun à tous dans le temple où se voyaient prêtres et simples juifs, prosélytes mêmes, gentils et nazaréens. Et parce que l’entrée en était libre même aux nations étrangères, il l’appelle « mondain », car les juifs n’étaient pas le monde.
« Car dans le tabernacle qui fut dressé, il y avait une première partie où étaient le chandelier, la table et les pains de proposition, et cette partie s’appelait le Saint ». Voilà les symboles d u monde. « Après le second voile… » Il y avait donc plus d’un voile ; du côté du dehors, en effet, il y en avait un premier… Après le second voile était « le tabernacle qu’on appelle le Saint des Saints ». Vous voyez qu’il l’appelle un tabernacle, une tente, parce qu’on ne fait qu’y passer comme dans une tente ; « où il y avait », dit-il, « un encensoir d’or, et l’arche de l’alliance toute couverte d’or, dans laquelle était une urne pleine de manne, la verge d’Aaron qui avait fleuri et les tables de la loi (4) ». Autant de témoignages éclatants de l’ingratitude des juifs. Ainsi les « tables de la loi » rappelaient que Moïse les avait brisées ; « la manne » déposée dans une urne d’or, qu’ils avaient murmuré ; « la verge d’Aaron », qu’ils s’étaient révoltés. Les juifs, ingrats et oublieux de si nombreux bienfaits, durent placer ces objets dans l’arche par ordre du législateur, et transmettre ainsi à la postérité le souvenir dé leurs méfaits. « Au-dessus de l’arche, des chérubins de gloire couvraient le propitiatoire (5) ». Qu’est-ce à dire, chérubins de gloire ? Comprenez : glorieux, ou bien qui sous Dieu même couvrent le propitiatoire. Saint Paul devait ainsi faire ressortir et exalter ces détails, pour montrer que ce qui va suivre est plus grand encore. « Mais ce n’est pas ici le lieu d’étudier une à une toutes ces choses ». Ceci nous fait comprendre qu’il y avait là non seulement ce qu’on voyait, mais encore du mystère. De toutes ces choses, dit-il, nous ne devons pas parler en détail, peut-être parce qu’elles exigeraient un long discours.
« Or, ces choses étant ainsi disposées, les prêtres entraient à toute heure dans le premier tabernacle, pour y remplir les fonctions du sacrifice (6) ». Comprenez : tout cela existait, mais les simples juifs n’en jouissaient pas, ils ne pouvaient même y plonger la vue. Aussi, ces choses n’étaient pas tant à eux qu’à nous, pour qui ces objets étaient des figures prophétiques.
« Mais dans le second tabernacle, seul, une seule fois dans l’année le pontife entrait, non sans y porter du sang qu’il devait offrir pour lui-même et pour les ignorances du peuple (7) ». Voyez-vous comment les figures ont été comme des pierres d’attente posées d’avance pour l’avenir ? L’Apôtre prévient cette objection : Pourquoi un sacrifice unique ? pourquoi le grand Pontife n’a-t-il offert qu’une seule fois ? Il montre que cet usage datait de loin, et que le sacrifice le plus saint, le plus redoutable était unique. C’était l’antique usage que le grand prêtre n’offrit qu’une fois. Et il ajoute avec raison : « Non sans porter du sang » ; il y avait du sang, à la vérité, mais ce n’était pas, celui-là, le sang divin. Le sacrifice d’alors n’avait pas cette importance. Ceci figure le sacrifice à venir que le feu ne doit pas constituer, mais qui s’accomplit surtout par le sang. Car ayant appelé sacrifice le crucifiement, où l’on ne vit ni flamme, ni bûcher, mais seulement une immolation sanglante, il montre que cet antique sacrifice avait un