de ces paroles le sens élevé qu’elles renferment, écoutez saint Paul : « Mais approchez-vous de la montagne de Sion, et de la ville du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, et de l’Église des premiers-nés. Le Seigneur va faire sortir de Sion la verge de votre puissance. » (Héb. 12,22) C’est tantôt la verge qui punit et récompense, tantôt la verge qui console, et c’est le symbole de la royauté. Et pour vous assurer qu’elle est tantôt l’une et tantôt l’autre, écoutez ces paroles du Prophète : « C’est ta verge et ton bâton qui m’ont consolé. » (Ps. 22,4) Et autrefois : « Vous les gouvernerez avec une verge de fer : vous les briserez comme des vases de terre. » (Ps. 2,9) Saint Paul dit aussi : « Que voulez-vous ? que j’aille vers vous avec la verge, ou bien avec l’esprit de douceur et de charité ? » (1Cor. 4,21) Avez-vous vu comme la verge peut servir à instruire ? Voyez maintenant comment elle peut servir à gouverner. Car Isaïe a dit : « Il sortira une verge de la racine de Jessé, et une fleur s’élèvera de la même racine (Is. 2,1) », – et David : « Votre trône, ô Dieu, est éternel : c’est une verge d’équité que la verge de votre royauté. » (Ps. 44,7) Ici le Prophète parle de cette verge avec laquelle les disciples parcoururent la terre, corrigeant les mœurs des hommes, et les ramenant du vice et de l’abrutissement à un genre de vie plus conforme à la nature et à la raison. Allez, dit le Sauveur, « et enseignez toutes les nations. » (Mt. 28,19) Moïse aussi avait une verge, avec laquelle, grâce à l’intervention divine, il accomplissait toutes sortes de prodiges. Celle-ci divisait les eaux des fleuves, celle-là, celle des apôtres, brisait le joug de l’impiété sur toute la surface de la terre. On pourrait, non sans raison, appeler la croix du Christ la verge de sa puissance. Car c’est cette verge qui a bouleversé la terre elles mers, et quia donné aux apôtres tant de puissance. C’est avec cette verge qu’ils se mirent à parcourir toute la terre et qu’ils accomplirent ces fameux prodiges. C’est en portant cette verge qu’ils vinrent à bout de toutes leurs entreprises, et cela tri commençant par Jérusalem. – « Soyez maître souverain au milieu de vos ennemis. »
Remarquez cette prophétie plus éclatante que le soleil. Quel est le sens de ces mots « Au milieu de vos ennemis ? » C’est-à-dire au milieu des Gentils, au milieu des Juifs ? Et c’est ainsi que nos Églises ont pris racine et se sont développées au milieu même des villes païennes, c’est ainsi qu’elles out vaincu et triomphé. Quelle plus éclatante preuve de victoire, que d’élever des autels au milieu même de ses ennemis, que d’être au milieu d’eux comme la brebis au milieu des bêtes féroces, comme l’agneau au milieu des loups ? C’est ce que Jésus leur disait en ces termes : « Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups (Mt. 10,16) : » prodige néanmoins admirable que le premier. Il n’est pas moins beau d’être comme les brebis au milieu des loups, que de vaincre les ennemis au milieu desquels on se trouve. Mais c’est encore bien plus beau d’avoir, au nombre de douze, soumis toute la terre par la force de la persuasion. « Et soyez maître souverain au milieu de vos ennemis. » Il n’a pas dit, soyez vainqueur au milieu de vos ennemis, mais, « soyez maître », voulant montrer que ce n’est pas un triomphe obtenu par la force des armes, mais une autorité qui n’a besoin que de s’affirmer pour se faire obéir. Car les apôtres vainquirent, en ayant le Christ avec eux, comme s’ils n’avaient eu qu’à donner des ordres. C’est pourquoi toute maison leur était ouverte, les fidèles leur obéissaient avec plus d’empressement que des esclaves, leur livraient leurs biens, déposaient leurs honneurs aux pieds des apôtres, et n’osaient rien prendre sur ce qui leur appartenait pour satisfaire leurs besoins. La majesté des apôtres leur imposait tellement qu’ils n’osaient se joindre à eux.
4. Et cette puissance, ils l’exerçaient, non seulement sur les fidèles, mais encore sur les infidèles. A quoi reconnaît-on l’esclave, dites-moi ? N’est-ce pas à le voir faire tout ce que son maître lui ordonne ? Et à quoi reconnaît-on le maître ? N’est-ce pas à le voir obtenir de ses esclaves tout ce qu’il lui plaît de recommander ? Quels sont donc ceux qui ont obtenu alors tout ce qu’ils voulaient sous la domination des rois et des gouverneurs ? Ne sont-ce pas les apôtres ? Oui, sans doute. Car les rois et les gouverneurs voulaient retenir la terre sous le joug de l’impiété, et ordonnaient aux hommes d’adorer les démons : tandis que les apôtres ordonnaient le contraire, et c’est leur volonté qui s’est accomplie. Si vous me parlez de la prison, du fouet, des tourments, vous ne faites que montrer davantage la puissance de ces hommes. Et comment ? Parce que leur volonté
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