puis au moment opportun, il nous dévoile sa divine majesté. C’est encore ainsi que le Christ lui-même disait : « Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne croyez pas en moi ; mais si je les fais, quand même vous ne croiriez pas en moi, croyez en mes œuvres. » (Jn. 10,37) Il parlait ainsi afin qu’en apprenant que celui qui est assis à la droite du Père, que celui qui est appelé Seigneur comme le Père, que celui qui partage sa royauté, que celui qui l’exerce avec tant d’éclat, que celui qui est maître souverain des nations, afin qu’en entendant dire que celui-là est le fils de Dieu et qu’il existe avant toute la création, vous n’alliez pas vous étonner et vous troubler. Il faut encore admirer le Prophète pour l’art avec lequel tantôt il fait parler Dieu en personne, tantôt il parle en sort propre nom. Ces expressions : « Asseyez-vous à ma droite », et : « Je vous ai engendré de mon sein avant l’aurore », qui sont les plus majestueuses, il les met dans la bouche du Seigneur ; dans le reste du psaume, c’est lui-même qui parle. Examinez aussi comme il se sert de l’expression propre. Il lui suffisait de dire : « Je vous ai engendré ; » mais pour se mettre à la portée de ceux qui rampent sur cette terre, et pour leur faire comprendre que le Christ est vraiment le fils de Dieu, il complète cette expression en disant. « Je vous ai engendré de mon sein avant l’aurore. » De même que s’il parle de la main de Dieu, ce n’est pas pour nous faire croire qu’il s’agisse réellement d’une main, mais pour nous donner une image de, la puissance créatrice ; de même il ne parle du sein de Dieu que pour nous faire connaître que Jésus est bien son fils.
8. Ensuite voulant donner à sa prophétie la solennité d’un arrêt rendu par un juge, il s’adresse à Dieu lui-même, ce qui dénote un amour bien vif et une joie extrême, et ce qui est la marque d’une, âme toute pleine de l’esprit de Dieu « Le Seigneur a juré, et il ne s’en repentira pas : vous êtes le prêtre éternel, selon l’ordre de Melchisédech. » Voyez-vous comme il revient à prendre un ton moins élevé, suivant qu’il parle de ce qui entre dans les attributs de Dieu ou de ce qui entre dans les attributs de l’homme ? C’est aussi ce que font les évangélistes, afin de conserver intact le dogme sous ses deux aspects. Pourquoi ces mots : « Selon l’ordre de Melchisédech ? » Par allusion aux mystères, car celui-ci porta le pain et le vin à Abraham, et parce que ce sacerdoce est en dehors de la loi, et parce qu’il n’a ni commencement ni fin, comme le remarque saint Paul. Car Melchisédech n’avait que l’ombre, tandis que Jésus possède la réalité : même ressemblance pour les noms, si les noms de Jésus et de Christ annonçaient la mission du Sauveur ; le nom même de Melchisédech annonçait aussi la sienne[1]. On ne connaît ni le commencement, ni la fin de la vie de Melchisédech, non qu’il n’ait eu ni commencement ni fin, mais cela vient de ce qu’on n’a pas sa généalogie. De même Jésus n’a ni commencement de ses jours, ni fin de sa vie, non pas seulement comme Melchisédech, mais sa durée n’a réellement et absolument parlant, ni commencement ni fin. L’un était l’ombre, l’autre est la réalité. Quand vous entendez prononcer ce nom de Jésus, vous ne vous représentez que la signification qui lui est propre, sans rien chercher de plus et sans vous figurer que Jésus est réellement là ; de même quand vous entendez dire que Melchisédech n’a eu ni commencement ni fin, n’allez pas vous le représenter ainsi dans la réalité, contentez-vous de lui appliquer, cette épithète, et gardez ce qu’elle a de réel pour Jésus. Quand vous entendrez dire que Dieu a prononcé un serment, ne le croyez pas. La colère de Dieu n’est ni de la colère, ni de la passion, ce que nous appelons ainsi n’est chez lui que la volonté de punir : il en est de même du serment. Car Dieu ne jure pas, il dit seulement : « Cela sera. »
Après avoir parlé de la splendeur des saints, après avoir mis les ennemis du Seigneur sous ses pieds, et nous avoir annoncé le jour de sa puissance, le Prophète ne fait plus que prédire ce que nous voyons se réaliser aujourd’hui. Remarquez dans quel ordre il dispose ses paroles pour manier plus facilement l’intelligence rebelle de l’auditeur. Il l’effraye d’abord en lui parlant du jugement, et le fait se relâcher de son indocilité, puis il arrive à parler des événements présents. C’est ainsi que s’explique ce mélange de styles différents. Voyez plutôt : « Jusqu’à ce que j’aie réduit vos ennemis à vous servir de marche-pied. » Ceci a rapport aux choses à venir. Puis il arrive aux événements présents : « Le Seigneur va faire sortir de Sion la verge de votre puissance.
Soyez maître souverain au milieu de vos ennemis. » Après quoi il revient aux événements à venir : « La domination est avec vous
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