Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cause des Juifs qui habitaient ce pays. Il est écrit : « A cause de vous, mon nom est blasphémé parmi les nations. » (Is. 52, 5) Et aujourd’hui ce même nom est célébré par toute la terre. C’est ce qu’un autre prophète annonçait en disant : « Le Seigneur paraîtra, et exterminera tous les dieux des nations ; et ils l’honoreront, chacun de sa place. » (Soph. 2,11) Un autre prophète dit également : « Parce qu’en nous les portes seront fermées, et que le feu de mon autel ne sera pas allumé gratuitement, car du lever du soleil à son couchant mon nom a été glorifié parmi les nations et en tout lieu l’on offre à mon nom l’encens et une oblation pure. » (Mal. 1,10-11)
2. Voyez-vous comment il ravale, il anéantit le judaïsme, étend sur toute la terre le gouvernement de l’Église, et prédit notre culte ? Le prophète qui parle ainsi vivait après le retour de Babylone. S’il fit alors cette prophétie, ce fut pour empêcher les Juifs de dire que cette captivité, cet abandon sont ceux de Babylone. Ces épreuves étaient finies, les Juifs étaient revenus à leur premier régime : c’est alors que le messager de Dieu s’exprime ainsi, par allusion à l’abandon qui devait avoir lieu sous Vespasien et Titus, abandon qui doit rester à jamais irréparable. Car le tour de l’Église est venu. De là ces mots : « Mon nom est grand parmi les nations ; » c’est-à-dire béni, loué par leur vie, dans le même sens qu’il dit ici ; « Que le nom du Seigneur soit béni. Le Seigneur est élevé au-dessus de toutes les nations (4). »
Vous voyez encore ici son culte pénétrer chez les nations, non pas seulement chez une, deux ou trois, mais chez toutes les nations de la terre. Quoi de plus clair que cette prophétie ? Mais comment Dieu est-il élevé sur toutes les nations ! Est-ce nous qui l’élevons ? Ce n’est pas sans doute qu’il nous appartienne d’ajouter quelque chose à sa grandeur ? A Dieu ne plaise ! Il s’agit ici des dogmes, du culte, de l’adoration et de tous les autres hommages que nous lui rendons, en concevant de lui non pas une idée basse comme les Juifs, mais une idée beaucoup plus haute et plus relevée. Telle est en effet notre loi : autant le ciel est au-dessus de la terre, autant la nouvelle loi surpasse l’ancienne. De là ces expressions : « Le Seigneur est élevé sur toutes les nations. » En effet, lorsque nous le relevons en un sens par le culte que nous lui rendons, nous n’ignorons pas que ce culte appelle sa condescendance. Il surpasse celui de l’ancienne loi, mais il est encore bien peu digne de Celui à qui il s’adresse. Paul a dit, pour montrer cela et marquer la différence qui sépare la connaissance que nous avons aujourd’hui, de celle qui nous est réservée dans la vie future : « Quand j’étais petit enfant, je raisonnais comme un petit enfant, mais quand je suis devenu homme, je me suis dépouillé de ce qui était de l’enfant. » (1Cor. 13,11) Et encore : « C’est imparfaitement que nous connaissons et imparfaitement que nous prophétisons. » Et enfin : « Nous voyons maintenant à travers un miroir en énigme, mais alors nous verrons face à face. » (Id. 9,12) Il montre par là que la connaissance actuelle diffère autant de la connaissance future que l’enfant diffère de l’homme parvenu à la pleine maturité. « Sa gloire est au-dessus des cieux. » Après avoir parlé de la louange, de la glorification qui résulte de la conduite humaine, après nous avoir invités à exalter Dieu, à le louer, le glorifier de la sorte ; en progressant dans la vertu, il indique l’endroit où cela se fait principalement. Cet endroit est le ciel. Là réside la gloire de Dieu. Ce sont les anges, avant tout, qui le glorifient : ils le glorifient non seulement par leur propre nature, mais encore par une obéissance de bons serviteurs, en accomplissant avec scrupule ses ordres et ses volontés. Voilà pourquoi il dit ailleurs : « Puissants, accomplissant sa parole. » (Ps. 102,20) Voilà pourquoi dans les Évangiles le Christ ordonne de prier et de dire : « Que votre volonté soit faite sur la terre comme aux cieux. » C’est-à-dire qu’il nous soit donné, à nous aussi, de le sanctifier comme le sanctifient les anges, exempts de tout vice et fidèlement attachés à la pratique de la vertu. Le Psalmiste fait entendre la même chose en disant : « Sa gloire est au-dessus des cieux. » Ne vous bornez pas à considérer sur la terre les créatures visibles, ni même l’ordre des corps célestes, élevez-vous, par la pensée des choses sensibles aux choses intelligibles, contemplez la beauté des essences célestes, la magnificence de l’empire qui est là-haut, et vous saurez alors comment sa gloire est dans les cieux.
« Qui est comme le Seigneur notre Dieu qui habite les hauteurs et regarde les choses humbles ? » Ne vous semble-t-il pas que