quand l’univers lui-même n’a pu leur résister ? Les éléments ont méconnu leur propre nature pour servir leurs intérêts ; des bêtes féroces ont perdu leur férocité ; une fournaise son ardeur. L’espoir en Dieu opère toutes les métamorphoses. Dents aiguës, prison étroite, naturels farouches irrités encore par la faim, tout cela menaçait – le prophète, qu’aucune cloison ne protégeait contre des monstres dévorants ; mais l’espoir en Dieu, plus fort que tous les freins, brida ces gueules meurtrières et les contraignit à se détourner. Aussi David, réfléchissant à cela, répond-il à ceux qui lui conseillent de fuir, de se sauver, de chercher son salut dans un lieu sûr : « C’est dans le Seigneur que je me confie : Comment direz-vous à mon âme ? » Qu’entendez-vous par là ? Le maître de la terre, veut-il dire : Voilà mon allié. Celui qui fait tout sans aucune peine, celui-là est mon guide, mon protecteur, et vous m’exhortez à chercher une retraite, c’est sur le désert que vous comptez pour protéger mes jours ! Est-ce que le désert est an auxiliaire plus sûr que Celui qui peut tout et ne connaît point d’obstacles ? Revêtu d’une si forte armure, vous voulez que je fuie comme si j’étais nu et désarmé ; vous m’engagez à m’expatrier ! Mais si vous voyiez un homme à la tête d’une armée, défendu par des remparts et des soldats, vous ne l’exhorteriez pas à se réfugier au désert, ou un tel conseil ferait de vous un objet de risée ; et vous renvoyez, vous condamnez à fuir celui qui a pour auxiliaire le Maître du monde, vous lui prescrivez l’exil à cause de la guerre que lui font les pécheurs. J’omettais, en effet, cette autre raison qui me dissuade de prendre la fuite. Quand on a Dieu pour allié et des pécheurs pour ennemis, peut-on prendre l’alarme au moindre bruit, à la façon des oiseaux ? Et celui qui donne un tel conseil ne devrait-il pas rougir ? Ignorez-vous que l’armée qui m’est opposée ne vaut os une toile d’araignée. Si l’ennemi d’un monarque terrestre est partout en péril ; s’il a peur, s’il tremble, en quelque endroit qu’il se trouve, que dire de celui qui a pour ennemi le Dieu de l’Univers ? En quelque lieu qu’il se rende, il a pour adversaire tout le monde et la création même. Car si les amis de Dieu inspirent de la crainte aux éléments, aux bêtes féroces, et du respect à toute la création, les ennemis de Dieu sont en butte aux attaques et aux mépris des êtres inanimés eux-mêmes. Aussi les a-t-on vus, les uns dévorés par les bêtes avant d’avoir touché la terre, les autres consumés par le feu. Mais ils ont des flèches, des carquois et sont tout prêts à combattre. Eh bien ! répond David, ils ont préparé leurs carquois mais ils n’en sont ni plus forts ni plus redoutables. Si je voyais un homme armé d’un arc détendu, je n’en aurais pas peur. En effet, à quoi bon des armes qui n’ont pas la force de nuire ? De même ici, soyons tranquilles, puisque la faveur de Dieu manque à nos ennemis. Mais ils trament des stratagèmes, et suivent une voie oblique pour nous attaquer. Ce sont justement ces menées ténébreuses qui m’enhardissent le plus à les braver. Rien de plus faible que le fourbe. Il n’est pas besoin d’armes pour en triompher : il succombe sous ses propres coups et périt victime de ses artifices. Or qu’y a-t-il de plus faible qu’un homme qui se prend clans ses propres pièges ? Autre motif de confiance : ce ne sont pas seulement des pécheurs qui s’attaquent perfidement à des hommes secourus de Dieu ; ce, sont encore (les agresseurs de l’innocence. Et rien ne saurait contribuer davantage à les affaiblir. Ils ressemblent à ces animaux qui regimbent contre l’aiguillon : ils se blessent eux-mêmes, sans pouvoir endommager l’aiguillon qui les presse. Enfin, il est une dernière raison qui ôte à cette guerre tout péril pour nous. Quelle est-elle ? « Ce que vous aviez consommé ils l’ont détruit (4). »
Voici le sens de ces paroles : ils vous combattent, ils vous font la guerre afin de ruiner votre loi, vos préceptes : ils veulent les détruire, ces préceptes, quand ils sont consommés. Ou encore il veut dire que ses ennemis sont des transgresseurs de la loi. Et comment seraient-ils forts, s’ils marchent au combat après avoir méconnu vos préceptes ? En effet, c’est parce qu’ils les méconnaissent, qu’ils attaquent des justes, et ourdissent contre eux des trames perfides.
2. C’est ainsi qu’il met d’abord en lumière la faiblesse de ses ennemis, en montrant quelle en est la cause propre à eux seuls ; en effet il ne dit pas : ils manquent d’argent, de places fortes, d’alliés, de villes, d’expérience dans la guerre : il passe dédaigneusement sur ces considérations qui lui semblent méprisables, et insiste uniquement sur ce point, que ce sont des hommes injustes, qu’ils attaquent l’innocence, qu’ils renversent les lois de Dieu. Il passe
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