ayant rôle d’avocat emploie le moyen de justification dont il dispose, et le reproduit même à deux reprises, en disant : « Non pas pour nous, Seigneur, non pas pour nous ; » insistant ainsi sur l’indignité de ceux dont le salut est en question. « mais donnez la gloire à votre nom. » Quant à nous, nous méritons mille maux, mais faites en sorte que votre nom ne soit pas profané. « Pour votre miséricorde et votre vérité (10). » Un autre interprète dit : « À cause de votre miséricorde. » Vous le voyez, il n’ignore pas lui-même que souvent Dieu, dans son mépris pour cette première considération, n’envisage qu’une chose, l’amendement des pécheurs. Voilà pourquoi il ajoute : « Pour votre miséricorde et votre vérité. » En d’autres termes, à cause de votre miséricorde, secourez-nous : quand bien même vous vous souciez peu de la gloire qui vient des hommes, songez à votre miséricorde, à votre vérité. On peut en effet, on peut acquérir de la gloire par lé châtiment non moins que par la compassion. Mais ce n’est pas en cette considération que je vous sollicite, c’est au nom de votre miséricorde. Nous devrions glorifier votre nom par notre vie, notre conduite. Mais puisque nous nous sommes privés nous-mêmes de ce titre, aidez-nous par bonté, par miséricorde : « De peur que les nations ne viennent à dire : où est leur Dieu ? »
4. J’entends bien des personnes, aujourd’hui encore, proférer le même veau : mais il est à craindre qu’elles ne parlent sans savoir ce qu’elles disent : autrement verrions-nous tant de rapines, d’injustices, de crimes de toute sorte ?
« Notre Dieu a fait dans le ciel et sur la terre tout ce qu’il a voulu (11) : » Ici il redresse l’erreur des hommes déraisonnables. Attendu que beaucoup d’hommes méconnaissent l’existence de Dieu, il combat cette opinion en disant : « Notre Dieu a fait dans le a ciel tout ce qu’il a voulu. » Par conséquent, il l’a fait à bien plus forte raison sur là terre. Mais qu’est-ce à dire, il a fait dans le ciel tout ce qu’il a voulu ? Il veut parler ou des puissances d’en haut et des peuples innombrables qui habitent le ciel, ou de la facilité avec laquelle les ordres divins sont accomplis. Que si la terre offre beaucoup de désordre et de confusion, ne vous en étonnez point. Cela provient de la méchanceté des hommes, et non de l’impuissance de Dieu, dont les choses célestes montrent assez la force et le pouvoir. S’il n’en est pas ainsi sur la terre, la faute en est à ceux qui se rendent indignes.
On en trouvera encore une autre raison, si l’on considère que la longanimité s’oppose à ce que beaucoup d’actions reçoivent ici-bas la rétribution qui leur est due. Voilà pourquoi on voit des méchants obtenir l’avantage sur des justes : c’est que le bon Dieu ne veut pas demander sur-le-champ compte à chacun de ses fautes, sans cela notre espèce serait anéantie depuis longtemps. Ce passage signifie donc que Dieu est fort, puissant, capable de punir ; les choses du ciel en sont la preuve : s’il ne punit pas, c’est qu’il use de longanimité, et veut attirer les coupables au repentir. « Les idoles des nations sont de l’argent et de l’or, des ouvrages de la main des hommes (12). Elles ont une bouche et elles ne parlent point, elles ont des yeux et elles ne verront point (13). Elles ont des oreilles et n’entendront point, elles ont des narines et ne sentiront point (14). Elles ont des mains sans pouvoir toucher, elles ont des pieds sans pouvoir marcher, elles ne crieront point avec leur gorge (15). Que ceux qui les font leur deviennent semblables (16). » Dans le psaume CV, pour montrer leur démence, il disait : « Ils ont sacrifié leurs fils et leurs filles aux démons. » (37). Ici il fait voir la stupidité de ces adorateurs d’une matière inanimée. Et il passe en revue tous les membres des idoles, afin de compléter la dérision. Puis il poursuit en disant : « Que ceux qui les font leur deviennent semblables, et tous ceux qui s’y confient. » C’est vertu, en général, que de ressembler à Dieu : ici c’est un, malheur qu’il leur souhaite. Songez à ce que peuvent être ces dieux, quand on ne saurait rien souhaiter de pire à quelqu’un que de leur ressembler. Il s’y prend à merveille, on le voit, pour railler l’extrême folie des idolâtres et les couvrir de ridicule.
Et comment ne serait-il pas ridicule, je vous le demande, de rendre un hommage fidèle à une statue qui offre l’image de la suprême indécence ? Qui voudrait voir une femme nue ? Eh bien ! le démon ne nous guette pas moins auprès d’une représentation semblable. Les idoles sont des images tantôt de fornication, tantôt de sodomie. Que signifient cet aigle, ce Ganimède, cet Apollon qui poursuit une vierge, et tant d’autres figures abominables ?
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