prières aux temps de l’Ancien et sous le Nouveau Testament ? Le Christ a dit de même : « Réjouissez-vous de ce que vos noms ont été inscrits dans les cieux. » Et Paul : « Que Dieu vous remplisse de toute grâce et de toute gloire dans votre joie, afin que vous abondiez dans l’espérance et dans la vertu de l’Esprit-Saint. » (Rom. 15,13) Bénédiction dont la vertu est d’accorder des biens ineffables et n’a rien de terrestre. Paul dit encore : « Dieu écrasera Satan sous vos pieds promptement. » Mais aux temps de l’ancienne loi, quand les hommes étaient plus grossiers, c’étaient les choses sensibles qui formaient le tissu de la bénédiction, et la fécondité des femmes était regardée comme un bien incomparable. En effet, une fois que la mort eut été introduite à la suite du péché, Dieu voulant consoler notre espèce, et lui montrer que loin de vouloir l’exterminer, l’anéantir, il la rendrait au contraire bien plus nombreuse, prononça ces paroles : « Croissez et multipliez. » (Gen. 9,1) Mais la mort n’eut pas été plus tôt reconnue pour un simple sommeil, que la virginité devint un titre d’honneur. D’où ces mots de Paul : « Je voudrais que tous les hommes fussent dans la continence, ainsi que moi. » Et encore : « Il est avantageux à l’homme de ne toucher aucune femme. » (1Cor. 7,7) Et ces paroles du Christ : « Il y a des eunuques qui se sont faits eunuques en vue du royaume des cieux. » (Id. 5,1 ; Mt. 19,12) D’ailleurs, dès le principe, Dieu avait fait entendre qu’on a besoin de vertu et non d’une postérité nombreuse. Écoutez en quels termes un sage dit : « Ne désirez point une troupe inutile d’enfants, s’ils n’ont pas la crainte de Dieu ; et ne vous occupez pas de leur nombre. Car mieux vaut un que mille et mourir sans postérité que d’avoir des enfants impies ; et mieux vaut un qui fait la volonté du Seigneur que mille qui transgressent la loi. » (Sir. 16,4) Mais les stupides Juifs, dans leur attachement à la chair, dans leur insouciance pour la vertu, disaient : « Que cherche Dieu, sinon la progéniture ? » (Mal. 2,15) Aussi, voulant leur montrer que ce n’est pas cela qu’il cherche, en mille circonstances, il punit leurs vices par la mort. « Soyez bénis du Seigneur (23). » Remarquez ces derniers mots. Voilà, en effet, la bénédiction véritable. Il y a aussi des gens qui sont bénis parmi les hommes ; mais les biens qui leur en reviennent sont humains. La suprême bénédiction, la voici : les hommes, bénissent, en ce sens qu’ils louent, célèbrent les hommes riches, puissants, glorieux. Mais c’est là une bénédiction temporaire, et inutile au moment même où elle se fait sentir : celle de Dieu est perpétuelle, et elle nous seconde dans les plus grandes choses. « Qui a fait le ciel et la terre. »
6. Voyez-vous le pouvoir de la bénédiction ? Les paroles de Dieu deviennent des réalités c’est une de ces paroles, du moins, qui a créé le ciel. « Par une parole du Seigneur », est-il écrit, « les cieux furent établis », (Ps. 3,2-6) La parole dont il vous bénit, c’est cette parole puissante.
« Le Ciel du ciel est au Seigneur ; la terre, il l’a donnée aux fils des hommes (24). » Que dites-vous ? Il a choisi le ciel pour en faire son séjour, et après s’être réservé l’étage supérieur, il nous a assigné cette terre pour habitation ? A Dieu ne plaise ! ce langage est celui de la condescendance. S’il en était ainsi que vous dites, comment subsisterait dès lors cette autre parole divine : « Est-ce que je ne remplis pas le ciel et la terre ? dit le Seigneur. » (Jer. 23,24) Car ces deux choses sont contradictoires, si nous nous en tenons au sens qui s’offre tout d’abord, au lieu d’approfondir la doctrine qui y est renfermée. Que signifie donc ceci : « Le Ciel du ciel est au Seigneur : la terre, il l’a donnée aux fils des hommes ? » C’est une expression de condescendance qui n’implique point que Dieu soit confiné dans le Ciel. Ce n’est pas non plus parler dignement de lui que de dire : « Le ciel est son trône, et la terre son escabeau, (Isaïe 66, 4) : » encore le langage de la condescendance. Dieu embrasse tout, supporte tout, loin d’être assujetti à aucune condition de lieu, il domine lui-même et contient toutes choses ; s’il est écrit que le ciel est sa maison, c’est parce que ce lieu est pur d’iniquité. Le ciel ne marque donc pas en cet endroit un séjour choisi, non plus que dans cet autre passage : « Il a marqué les limites des peuples selon le nombre des anges de Dieu, (Deut. 32,8) ; » et dans celui-ci : « Il a choisi la maison de Jacob. » (Ps. 134,4) N’entendez point par là que les Juifs deviennent les siens, à l’exclusion des autres hommes, abandonnés désormais de sa providence, et frustrés de son secours. Dieu est commun à tous les hommes ce langage
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