tel que moi ? Voyez-vous que ce n’est pas la mort qui fait l’affliction, mais le mauvais état de la conscience ? Cessez donc d’être un pécheur, et vous soupirerez après la mort. « Mes yeux des larmes. » – Rien de plus naturel : là-bas il n’y a ni chagrins, ni tristesse, ni pleurs. « Mes pieds de la chute. » Ceci est plus important encore. Comment cela ? C’est que nous sommes affranchis non seulement du chagrin, mais encore des pièges qui pourraient nous faire trébucher. Il est établi sur un roc, celui qui est parti chargé de bonnes œuvres ; il est entré au port ; il ne trouve plus d’obstacles ; le trouble, les alarmes ont disparu. Celui-là vit au sein d’une gloire perpétuelle qui a quitté dans cette disposition le séjour d’ici-bas. « Je serai agréable en présence du Seigneur, au pays des vivants. » – Un autre dit « devant le Seigneur. » Un autre « je marcherai. » C’est ce que Paul, lui aussi, indique par ces mots : « Et nous serons ravis dans des nuées en l’air, au-devant du Seigneur et ainsi nous serons éternellement avec le Seigneur. » (1Thes. 4,16) Et remarquez cette parole « au pays des vivants. » – C’est là-haut qu’est la vraie vie, exempte de mort, et riche de biens sans mélange. Quand « il aura détruit », dit le même apôtre, « tout pouvoir, tout empire, toute puissance, il détruira un dernier ennemi, la mort. » (1Cor. 15,24) Mais ces choses détruites, il ne reste plus aucun sujet d’affliction, ni souci, ni épreuve, tout est joie, tout paix, tout amour, toute joie, toute allégresse, tout est parfait, solide. Car il n’y a là-haut aucune chute pareille, ni colère, ni chagrin, ni avarice, ni désirs charnels ou pauvreté, ni richesse, ni infamie, ni rien de semblable. – Aspirons donc à cette vie, et faisons toutes choses en vue d’elle. Voilà pourquoi nous sommes exhortés à dire dans notre prière : « Que votre royaume arrive : » c’est afin que ; nous ayons perpétuellement ce jour devant les yeux. En effet celui qui est possédé d’un pareil amour, celui qui vit dans l’espoir de ces biens, celui-là ne souffre ici-bas aucun naufrage, et ne se laisse abattre par aucun des chagrins de ce monde. – De même que ceux qui se rendent dans une capitale ne se laissent arrêter par aucune des choses qu’ils peuvent rencontrer sur leur route, prairies, vergers, ravins, déserts, et, indifférents aux divertissements comme aux obstacles, ne songent qu’à la patrie qui les attend : ainsi celui qui chaque jour se représente la ville céleste, et qui nourrit en lui cet amour, ne se laissera ébranler par aucune épreuve, trouvera sans charme et sans gloire ce qu’il verra de plus glorieux et de plus charmant. Que dis-je ? il n’en verra rien : car il aura d’autres yeux ceux dont parle Paul, en disant : « Comme nous ne considérons pas les choses visibles, mais les invisibles : en effet, les choses visibles sont éphémères ; les choses invisibles sont éternelles. » – Voyez-vous comment il nous montre la route avec d’autres paroles ? Attachons-nous donc à la poursuite de ces choses invisibles, afin de les posséder et de jouir de la vie éternelle : à laquelle puissions-nous tous arriver par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ à qui gloire et puissance, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
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