Mais que signifient ces autres paroles : « Et parce que nous avons un même esprit de foi, selon qu’il est écrit : J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé : Nous croyons aussi, nous, et c’est aussi pourquoi nous parlons ? » (2Cor. 4,43) Elles nous révèlent un grand mystère : à savoir, que : L’Esprit qui a inspiré le Nouveau Testament a également inspiré l’Ancien, et qu’il a parlé dans l’un aussi bien que dans l’autre, que la foi nous enseigne toutes choses et que sans elle nous ne pouvons absolument rien. « Nous croyons aussi, nous », est-il écrit, « et c’est pourquoi nous parlons. » Ôtez-nous la foi, nous ne pourrons pas même ouvrir la bouche. Mais pourquoi l’Apôtre n’a-t-il pas dit : « Parce que nous avons une même foi », au lieu de dire : « parce que nous avons « un même esprit de foi ? » Outre la raison que nous venons de dire, c’était pour montrer qu’il faut l’assistance de l’Esprit-Saint pour s’élever à la hauteur de la foi et pour sentir le néant et la faiblesse de notre raison. C’est toujours dans le même but que dans un autre endroit il s’exprime ainsi : « Or, ces dons du Saint-Esprit qui se font connaître au-dehors sont donnés à chacun pour l’utilité de toute l’Église. Car, l’un reçoit du Saint-Esprit le don de parler avec sagesse, un autre reçoit du même Esprit le don de parler avec science, un autre reçoit le don de la foi, un autre la grâce de guérir les maladies. » (1Cor. 12,7-9) On me dira peut-être, qu’il s’agit ici, ce qui est vrai du reste, de la foi nécessaire pour opérer les miracles. Mais je sais, moi aussi, qu’il y a une autre foi dont les apôtres disaient. « Augmentez en nous la foi (Lc. 17,5) », sans parler de celle par laquelle nous sommes tous chrétiens, et qui ne nous fait point faire de prodiges, mais qui nous donne la science infuse de la piété. Or, dans ces deux derniers cas, nous avons encore besoin de l’assistance de l’Esprit-Saint, selon cette parole de saint Luc « Le Seigneur lui ouvrit le cœur pour entendre ce que Paul disait (Act. 16,14) », et celle autre du Christ : « Personne ne vient à moi si mon Père ne l’attire. » (Jn. 6,44) Mais si la foi vient de Dieu, comment donc pèchent ceux qui ne croient pas, puisque l’Esprit ne vient pas à leur secours, que le Père ne les attire pas, et que le Fils ne les met pas dans la voie ? Car il dit de lui-même : « Je suis la voie (Jn. 14,6) », pour montrer que sans
Lui on ne saurait être amené vers le Père. Si donc le Père attire, le Fils conduit, l’Esprit illumine, comment peuvent être coupables ceux qui ne sont ni attirés, ni conduits, ni illuminés ? – En ne se rendant pas dignes de recevoir cette lumière. Voyez ce qui arriva à corneille. (Act. 10) Il ne trouva point en lui le bienfait de la foi, mais Dieu l’appela après qu’il s’en fut rendu digne par ses prières et ses bonnes œuvres. Aussi Paul parlant de la foi aux Éphésiens, leur dit : « Et en effet, cela ne vient pas de vous puisque c’est un don de Dieu. » (Eph. 2,8) Ce qui ne veut pas dire que nous soyons impuissants à produire des bonnes actions. Car bien qu’il appartienne à Dieu d’attirer et de conduire, il choisit cependant les âmes droites et dociles à ses inspirations pour leur donner son secours.
C’est pourquoi saint Paul, dans un autre endroit, parle « de ceux qui ont été appelés selon le décret de Dieu. » (Rom. 8,28) Car ni notre vertu, ni notre salut ne sont le résultat de la nécessité. Et quoique nous soyons redevables de la plus grande partie et presque de tout à Dieu, il nous a cependant laissé une certaine part à notre salut, afin d’avoir une raison apparente de nous couronner un jour. Voilà pourquoi après avoir dit que « nous avons un même esprit de foi », c’est-à-dire, ce même Esprit qui a parle ; dans l’Ancien Testament, Paul a ajouté : « Nous croyons aussi nous, et c’est pourquoi nous parlons. » (2Cor. 4,43) Nous avons du reste un besoin de la foi bien plus grand qu’autrefois, et à cause de la nature des biens qui nous sont promis, lesquels sont invisibles et spirituels, et à cause de l’ordre des temps. Car ce n’est pas dans cette vie mais dans l’autre qu’on sera récompensé. En outre, il fallait la foi même pour les biens présents, car les dons qui nous étaient faits, comme la participation aux saints mystères, la grâce du baptême, ne pouvaient être reçus sans la foi ! Et puis, la vertu de ces dons surpasse toute intelligence. Si donc la foi était nécessaire quand il s’agissait de biens grossiers et sensibles, à plus forte raison l’est-elle aujourd’hui : Mais les paroles de l’Apôtre ont été suffisamment expliquées. Il est temps de revenir à notre prophétie et de vous faire comprendre ce que dit ici le saint roi David. Que dit-il donc ? – « J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé. » Il n’avait encore rien dit, mais il fait allusion au langage intérieur qu’il avait tenu
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